Le gouvernement du Québec lance une énième campagne pour promouvoir l’usage du français, et cette fois, il s’en prend à un jargon typiquement montréalais qui semble être une source d’inquiétude pour la survie du français.
« Bonjour, bonjour et bonjour, c’est comme ça que ça devrait commencer, bonjour », dit la publicité. C’est une pique pas si subtile du gouvernement à la formule de salutation populaire « Bonjour-Hi » dans les commerces de Montréal.
Le ministre de la Langue du Québec, Jean-François Roberge, a déclaré à CTV News qu’il s’agissait d’un rappel que les francophones doivent insister pour être servis en français.
« Si un Québécois francophone va dans le même magasin, il devrait être accueilli avec un « Bonjour » et pouvoir être servi en français. Et c’est vraiment important », a-t-il dit.
Roberge cite des statistiques démontrant que l’utilisation du message d’accueil bilingue est passée de 4 % des entreprises en 2010 à 12 % en 2023.
Alex Trainman Montagano, un homme d’affaires et activiste communautaire du quartier Notre-Dame-de-Grâce (NDG) de Montréal, a fait la promotion d’une campagne d’art de rue encourageant l’utilisation de Bonjour-Hi, bien qu’il ne dise pas s’il est responsable d’une série de peintures sur trottoir encourageant l’utilisation de Bonjour-Hi.
Il est déconcerté par l’insistance du gouvernement à nier le salut bilingue.
« Nous vivons dans un pays et sur un continent bilingue, anglais, français et espagnol, et je pense que le fait que le gouvernement joue à la politique identitaire et nous impose des normes culturelles est quelque peu déplacé », a déclaré Montagano.
Le ministre Roberge insiste sur le fait que la campagne publicitaire de 2,5 millions de dollars n’est pas anti-anglais.
« Si un Québécois anglophone va dans un magasin et que le vendeur veut parler en anglais, il n’y a aucun problème », a-t-il dit.
CTV News a montré la publicité aux gens de NDG lundi et la réaction a été mitigée.
Un francophone qui a vu l’annonce a dit : « Je ne suis pas anglophone. Je parle anglais. Je travaille en anglais et oui, je suis insulté. Je suis très insulté par cela. Vous aimeriez avoir votre droit de parole », a-t-il dit.
D’autres disent qu’il y a des problèmes plus importants.
« Cela ne me dérange pas. Les hôpitaux me dérangent. Je peux dire bonjour tous les jours », a déclaré une femme âgée qui se plaignait du manque d’anglais dans le secteur de la santé.
Plusieurs estiment que la campagne cible les anglophones.
« Je trouve ça beau, je trouve que c’est une célébration des cultures, de plusieurs cultures qui composent la ville de Montréal. Et je n’ai aucune honte à cela », a déclaré un résident du Plateau.
Les publicités devraient être diffusées à partir de cette semaine à la télévision et sur les réseaux sociaux. Roberge a indiqué que certaines d’entre elles seront diffusées lors des matchs de hockey au Centre Bell.