Des pénuries de viande aux pénuries de voitures et d’essence, voici comment les arrêts de travail dans les chemins de fer peuvent affecter les Canadiens

Alors que le temps presse vers une éventuelle grève ou un lock-out dans les deux plus grandes compagnies ferroviaires du Canada, les Canadiens se préparent à ses conséquences : un coup dur pour leur portefeuille, …

Trains are seen in an aerial view of the Canadian Pacific Kansas City rail yard in Port Coquitlam, B.C., Aug. 19, 2024. THE CANADIAN PRESS/Darryl Dyck

Alors que le temps presse vers une éventuelle grève ou un lock-out dans les deux plus grandes compagnies ferroviaires du Canada, les Canadiens se préparent à ses conséquences : un coup dur pour leur portefeuille, une pénurie potentielle de viande, de voitures et d’essence.

Le Canadien Pacifique Kansas City (CPKC) et la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) risquent tous deux de connaître un arrêt de travail sans précédent jeudi s’ils ne parviennent pas à conclure une entente avec les travailleurs représentés par la Conférence ferroviaire Teamsters Canada. Alors que plus de la moitié des exportations du pays voyagent par train, transportant plus d’un milliard de dollars de marchandises chaque jour, un conflit de travail imminent dans les deux entreprises pourrait causer des problèmes aux Canadiens.

Les deux principales compagnies ferroviaires ont déjà interrompu les expéditions de marchandises nécessitant des températures plus fraîches, comme la viande. Selon Chris White, PDG du Conseil des viandes du Canada, une interruption prolongée du service causerait des « dommages sans précédent » à l’industrie canadienne de la viande, certaines usines de transformation prévoyant des pertes pouvant atteindre 3 millions de dollars par semaine.

Pour les Canadiens, une telle perturbation de l’industrie de la viande pourrait se répercuter sur les étagères des épiceries, affirme Daniel Tsai, avocat et professeur de commerce à l’Université métropolitaine de Toronto, qui est également rédacteur en chef de ConsumerRights. « Je pense que les effets pourraient se faire sentir d’ici une semaine, voire deux, dit-il. Vous ne les verrez peut-être pas immédiatement sur votre portefeuille, mais au fil du temps, vous commencerez à voir des pénuries et probablement des augmentations de prix. »

Un éventuel arrêt de travail pourrait également avoir des répercussions sur l’industrie automobile, ajoute Tsai, car les deux sociétés ferroviaires distribuent des automobiles et des pièces automobiles dans les principaux centres de population du Canada et du Midwest américain. Cela pourrait signifier des délais d’attente plus longs pour la livraison des voitures, surtout s’il y a un blocage dans la chaîne d’approvisionnement.

Si un consommateur s’inquiète des retards, qu’il s’agisse d’une voiture ou d’un autre produit, Tsai lui suggère de se renseigner et de se renseigner sur les délais d’expédition. « Si certaines choses ne peuvent être transportées que par train, essayez d’obtenir une estimation précise et voyez s’il existe un autre moyen rentable de les faire expédier », dit-il, ajoutant que plus tôt vous le ferez, mieux ce sera. « Vous pourrez alors décider si cela vaut la peine de payer un coût supplémentaire. »

En fin de compte, Tsai s’attend à ce qu’un éventuel arrêt de travail nuise au portefeuille des gens. Il prévient que, comme les chemins de fer transportent également de grandes quantités de pétrole canadien, il pourrait également y avoir un risque de pénurie de gaz.

De plus, les conséquences d’un éventuel arrêt de travail seraient « très douloureuses » pour de nombreuses petites entreprises qui dépendent du transport ferroviaire pour envoyer ou recevoir leurs produits, a déclaré à CTV le vice-président des affaires nationales de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, Jasmin Guénette.

« Il n’existe pas de plan B pour les entreprises. Elles ne peuvent pas appeler une entreprise de transport par camion et demander que leurs marchandises soient récupérées, explique-t-il. C’est donc vraiment regrettable que nous soyons confrontés à cette situation aujourd’hui. »

Jusqu’à présent, les discussions entre les deux compagnies ferroviaires et le syndicat n’ont pas été fructueuses, chaque partie accusant l’autre de mauvaise foi. Les salaires et les horaires sont les principaux obstacles.

Le ministre du Travail, Steven MacKinnon, qui occupe ce poste depuis environ quatre semaines, souligne que les parties doivent « faire le travail difficile nécessaire » pour parvenir à une entente sans avoir recours à l’intervention du gouvernement fédéral. Il doit rencontrer le CN et des représentants syndicaux à Montréal mardi et le CPKC et les Teamsters à Calgary mercredi.

Si aucun accord n’est conclu, plus de 9 000 travailleurs seront soit mis en lock-out, soit en grève à compter de jeudi à 00h01.