Le gouvernement libéral refuse de dire s’il a approuvé une prime pour le directeur général de la Société Radio-Canada, alors que les conservateurs de l’opposition exigent des réponses et que les néo-démocrates réclament l’interdiction des primes.
Il revient au gouvernement fédéral d’approuver une prime pour Catherine Tait à la suite d’une évaluation de son rendement et d’une recommandation du conseil d’administration de CBC/Radio-Canada.
La CBC a renvoyé les questions au gouvernement fédéral. Patrimoine canadien, qui supervise la société d’État, a ensuite renvoyé les questions au Bureau du Conseil privé, qui appuie le Cabinet et le premier ministre.
Invoquant les lois sur la protection de la vie privée, un porte-parole du Bureau du Conseil privé a déclaré qu’il ne pouvait pas divulguer de détails, même si certaines de ces informations des années passées ont été rendues publiques.
En mai, Tait a déclaré au comité du patrimoine de la Chambre qu’elle avait reçu pour la dernière fois une prime pour l’exercice 2021-22 et qu’elle n’avait pas encore reçu de rémunération au rendement pour l’exercice 2022-23, une information également disponible sur le site Web de la CBC.
L’échelle salariale de Tait se situe entre 468 900 $ et 551 600 $, le gouvernement fixant sa prime entre 7 % et 28 % de son salaire, si elle répond à certains critères.
Les conservateurs de l’opposition souhaitent que Tait revienne sur la sellette parlementaire et fournisse des réponses sur les primes.
Le conseil d’administration de CBC/Radio-Canada a récemment approuvé plus de 18,4 millions de dollars en primes pour près de 1 200 employés, gestionnaires et cadres pour l’exercice 2023-24 après avoir supprimé des centaines d’emplois.
Le Bureau du Conseil privé n’a pas voulu dire si le conseil avait recommandé une prime pour Tait, ou si le gouvernement fédéral avait donné son approbation.
« De toute évidence, Justin Trudeau et le gouvernement libéral se contentent de donner aux dirigeants de la CBC et à leur PDG trié sur le volet d’énormes primes de plusieurs millions de dollars financées par les contribuables dans un contexte de baisse de l’audience et d’une inutilité croissante, tant qu’ils restent de bons serviteurs de leurs maîtres et continuent d’agir comme le bras de propagande du Parti libéral », a déclaré la critique du Patrimoine, Rachael Thomas, dans un communiqué publié mercredi.
L’indépendance éditoriale de la CBC par rapport au gouvernement est inscrite dans la loi.
À deux reprises au cours de la dernière année, Mme Tait a été convoquée devant le comité du patrimoine pour répondre des compressions à CBC/Radio-Canada, et a été interrogée par des députés pour savoir si elle accepterait une prime pour l’exercice financier qui s’est terminé le 31 mars.
Les néo-démocrates n’ont pas précisé s’ils souhaitaient que Tait revienne au comité du patrimoine canadien, mais ils ont accusé les libéraux de ne pas avoir protégé les emplois au sein du radiodiffuseur public et de « ne pas avoir maîtrisé la cupidité des dirigeants de la CBC ».
Ils ont également critiqué les conservateurs, affirmant que même si les conservateurs souhaitent retirer le financement de la CBC, le NPD l’améliorerait.
« Notre radiodiffuseur public offre un service inestimable aux Canadiens. Il est également responsable envers les Canadiens », a déclaré la porte-parole du NPD en matière de patrimoine, Niki Ashton, dans un communiqué.
« Il est donc temps d’interdire à la CBC de verser des primes à ses dirigeants et d’utiliser cet argent pour sauver le journalisme local. »
En juin, le conseil d’administration du diffuseur a publiquement reconnu l’aspect négatif de l’attribution de primes au cours du même exercice financier au cours duquel il a procédé à des coupes budgétaires, et a depuis lancé une révision de son régime de rémunération pour les années à venir.
Entre décembre 2023 et le 31 mars, date de la fin du dernier exercice financier, CBC/Radio-Canada a éliminé 346 emplois au sein de l’organisation en mettant à pied 141 employés et en supprimant 205 postes vacants.
Tait a été convoquée à deux reprises devant la commission du patrimoine pour répondre des coupes budgétaires et a été interrogée par les députés pour savoir si elle accepterait une prime pour l’exercice financier qui s’est terminé le 31 mars.
Les membres du comité ont conclu à l’unanimité dans un rapport présenté à la Chambre des communes plus tôt cette année qu’étant donné les suppressions d’emplois, il serait inapproprié pour la SRC d’accorder des primes aux membres de la direction.