Le nouveau procès pour agression sexuelle du fondateur de Juste pour rire commence lundi

Le fondateur du festival Juste pour rire, Gilbert Rozon, sera de retour devant le tribunal lundi pour des accusations d’agression sexuelle et de viol. Neuf poursuites individuelles ont été déposées contre lui et ont été …

Le nouveau procès pour agression sexuelle du fondateur de Juste pour rire commence lundi

Le fondateur du festival Juste pour rire, Gilbert Rozon, sera de retour devant le tribunal lundi pour des accusations d’agression sexuelle et de viol. Neuf poursuites individuelles ont été déposées contre lui et ont été regroupées en un seul procès à la demande de Rozon.

Le montant réclamé dans toutes les poursuites totalise 13,8 millions de dollars.

Le procès, prévu jusqu’au 28 mars 2025, s’annonce d’une importance historique.

La directrice générale de Juripop, Sophie Gagnon, souligne le caractère « assez symbolique » du dossier au Québec. « Ce sont ces femmes qui ont déclenché la vague @Moiaussi au Québec, et jusqu’à présent, ces allégations n’ont jamais été prouvées », rappelle-t-elle.

Elle ajoute que c’est la première fois que la nouvelle loi visant à lutter contre le partage non consensuel d’images intimes et à améliorer la protection civile et l’accompagnement des victimes de violences, adoptée le 28 novembre, sera appliquée devant les tribunaux. Il prévoit également une « présomption de non-pertinence des preuves fondées sur des mythes et des préjugés » en matière de violence sexuelle et domestique.

Ces mythes incluent par exemple l’idée selon laquelle rester en contact après une agression est le signe qu’elle n’a pas eu lieu. «Beaucoup d’arguments de la défense reposent sur des mythes», affirme Gagnon.

Les avocats de Rozon n’ont pas répondu à La Presse Canadienne.

Les procès ont été rendus possibles parce que le délai de prescription, qui stipulait qu’une plainte devait être déposée dans les trois ans suivant l’acte, a été aboli en 2015. Les agressions auraient eu lieu entre les années 1980 et le début des années 2000.

Gagnon affirme que Rozon « contestera la validité constitutionnelle de cet amendement », soulignant qu’il s’agira de la première décision judiciaire sur une telle question.

Elle est également impatiente de voir comment les « preuves de faits similaires » seront utilisées. D’autres victimes que les neuf plaignants seront appelées à témoigner pour tenter de démontrer qu’il y avait « un modus operandi, une tendance selon laquelle M. Rozon se livrait fréquemment à ces comportements ».

Une longue saga judiciaire

Le 27 novembre 2017, le groupe Les Courageuses, composé d’une vingtaine de femmes affirmant avoir été agressées par Rozon, a intenté un recours collectif contre lui. Bien que la réclamation ait été autorisée le 22 mai 2018, Rozon a fait appel le 16 mai 2019.

Début 2020, la Cour d’appel du Québec a infirmé le jugement autorisant le recours collectif des Courageuses, estimant que ce n’était pas le mode de procédure approprié pour un tel dossier.

Les plaignants ont tenté d’en appeler à la Cour suprême du Canada, mais leur décision a été rejetée.

Entre-temps, Rozon a été acquitté lors d’un procès criminel en 2020. La juge Mélanie Hébert a statué qu’il existait un doute raisonnable quant à la version des événements avancée par la plaignante Annick Charrette.

Alors que la charge de la preuve dans les procédures pénales est de prouver hors de tout doute raisonnable, dans les procédures civiles, l’objectif est de démontrer qu’une version des faits est plus probable que l’autre.

Gagnon rappelle que, lors du procès de 2020, « le juge n’a pas été tendre envers M. Rozon. Elle a trouvé sa version plutôt invraisemblable et, au contraire, elle a trouvé crédible la version de la plaignante, Mme Charette.

Charrette est l’une des neuf femmes qui poursuivent Rozon lundi. Outre l’accusation de viol qu’elle a portée dans le cadre de ses poursuites pénales, elle accuse l’ancienne star de la comédie d’avoir menti sous serment au tribunal lors de son témoignage sur ces événements.