Le « superministre » du Québec, Pierre Fitzgibbon, affirme qu’il quitte ses fonctions parce qu’il a perdu la motivation de faire son travail et que c’est le premier ministre qui l’a poussé vers la sortie des mois plus tôt que prévu.
Fitzgibbon, qui détenait les portefeuilles de l’Économie et de l’Énergie, a déclaré aux journalistes à Rimouski, au Québec, mercredi, qu’il démissionnait deux ans avant les élections provinciales – et juste avant le début des audiences sur son projet de loi de réforme énergétique massif.
«Quand on sent qu’on n’a plus le même enthousiasme malgré les projets super intéressants, eh bien, on se dit : ‘il est peut-être temps de partir et de laisser la place aux autres'», a déclaré Fitzgibbon aux journalistes.
Il a déclaré qu’il avait prévu de rester jusqu’en décembre pour aider à faire avancer son projet de loi sur la réforme énergétique à l’Assemblée législative, mais le premier ministre François Legault voulait qu’il parte immédiatement afin qu’il ne devienne pas une distraction.
Debout aux côtés de Fitzgibbon lors de la conférence de presse de mercredi matin, Legault a déclaré qu’il voulait éviter d’avoir à répondre à des questions sur le départ éventuel de l’un de ses ministres les plus importants.
« Ça devient difficile du point de vue de la légitimité quand on annonce qu’on va éventuellement partir. Je n’étais pas à l’aise avec ça », a déclaré M. Legault, alors que les membres de son caucus de la Coalition avenir Québec se réunissaient dans la ville pour préparer la session d’automne de l’Assemblée législative, qui commence mardi.
Au programme législatif à venir figure le projet de loi de réforme énergétique de Fitzgibbon, qui apporte des changements radicaux au fonctionnement du service public d’électricité de la province et à la façon dont les tarifs d’électricité seront fixés, entre autres changements majeurs.
Fitzgibbon, souvent surnommé « super ministre » en raison de son pouvoir et de son influence sur l’économie, a présenté le projet de loi en juin. Il dit maintenant ressentir « un certain déclin » dans sa motivation.
Ce départ survient à un moment délicat pour la Coalition avenir Québec, forçant Legault à remanier son cabinet et à déclencher une élection partielle dans la circonscription de Fitzgibbon, dans un contexte de regain de vigueur du Parti québécois dirigé par Paul St-Pierre Plamondon.
Fitzgibbon, 69 ans, ne sait pas encore où il va maintenant, mais exclut de travailler dans les médias ou comme lobbyiste. Il part la tête haute : « Honnêtement, après six ans (consacré à la politique), je me sens très bien dans ma peau. »
« Les résultats sont là, l’économie du Québec va bien », a-t-il déclaré, qualifiant son mandat d’« aventure extraordinaire » et de « loin le meilleur emploi que j’ai eu jusqu’à présent ».
M. Fitzgibbon a été élu pour la première fois en 2018 dans la circonscription de Terrebonne, au nord-est de Montréal. Il a auparavant été associé directeur chez Partenaires Walter Capital, une société de capital-investissement. Il a également occupé divers postes en finances, en développement corporatif et en développement des affaires. Dans les années 1970, il a étudié avec Legault à HEC Montréal, une grande école de gestion.
Legault a salué Fitzgibbon comme un « génie des transactions financières » et a vanté ce qu’il a qualifié de réalisations du ministre dans la réduction de l’écart de richesse entre le Québec et le reste du Canada, le développement de l’industrie des batteries électriques de la province et la réforme de l’agence de développement économique du Québec connue sous le nom d’Investissement Québec.