L’enquête sur l’ingérence ne dévoilera pas publiquement les noms des parlementaires suspectés par l’organisme de surveillance des espions

OTTAWA – La responsable d’une commission d’enquête fédérale sur l’ingérence étrangère a déclaré qu’elle n’identifierait pas publiquement les parlementaires soupçonnés par l’organisme de surveillance des services d’espionnage d’interférer dans les affaires canadiennes. Le Comité des …

Commissioner Justice Marie-Josee Hogue speaks about the interim report following its release at the Public Inquiry Into Foreign Interference in Federal Electoral Processes and Democratic Institutions, in Ottawa, Friday, May 3, 2024. THE CANADIAN PRESS/Adrian Wyld

OTTAWA –

La responsable d’une commission d’enquête fédérale sur l’ingérence étrangère a déclaré qu’elle n’identifierait pas publiquement les parlementaires soupçonnés par l’organisme de surveillance des services d’espionnage d’interférer dans les affaires canadiennes.

Le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement a fait sourciller plus tôt cette année avec la publication d’une version publique d’un rapport secret selon lequel certains parlementaires participaient « à moitié ou à moitié » aux efforts des États étrangers visant à s’immiscer dans la politique canadienne.

Bien que le rapport du NSICOP ne mentionne pas les noms des personnes, ses conclusions sans équivoque ont suscité une vague d’inquiétudes quant au fait que des membres sciemment impliqués dans des ingérences pourraient toujours être actifs en politique.

Alors que les audiences de l’enquête reprenaient lundi, la commissaire Marie-Josée Hogue a prévenu que les allégations du rapport du CPSNR sont fondées sur des informations classifiées, ce qui signifie que l’enquête ne peut ni les rendre publiques, ni même les divulguer aux personnes concernées.

En conséquence, la commission d’enquête ne sera pas en mesure d’offrir aux individus une véritable opportunité de se défendre, a-t-elle déclaré.

« Le Canada est un État de droit qui reconnaît et protège les droits fondamentaux de chaque individu, y compris le droit de se défendre pleinement contre les accusations », a déclaré M. Hogue.

L’équité procédurale consacre un principe similaire, a-t-elle déclaré.

De plus, la Loi sur les enquêtes interdit expressément à la commission de tirer une conclusion défavorable à l’encontre d’une personne — en d’autres termes, une conclusion qui jetterait le discrédit sur cette personne ou ternirait sa réputation — à moins que cette personne n’ait été avisée et n’ait eu pleinement la possibilité d’être entendue au sujet des allégations, a déclaré M. Hogue.

Toutefois, a-t-elle ajouté, la commission prévoit de répondre aux allégations du NSICOP et de faire des recommandations dans la version classifiée du rapport final de l’enquête.

« Comme l’exige son mandat, la commission s’acquittera de ses fonctions de manière à ne pas compromettre toute autre enquête ou procédure, qu’elle soit en cours ou à venir. »

Le premier ministre Justin Trudeau et des responsables clés du gouvernement ont participé aux premières audiences d’enquête de la commission au printemps dernier sur les allégations d’ingérence étrangère dans les élections fédérales de 2019 et 2021.

Le rapport intérimaire de Hogue, publié début mai, indique que l’ingérence étrangère de la Chine n’a pas affecté les résultats globaux des deux élections générales.

Le rapport indique que même si les résultats dans un petit nombre de circonscriptions ont pu être affectés par l’interférence, cela ne peut être dit avec certitude.

Dans la deuxième partie de la phase factuelle de la commission, les audiences publiques porteront sur la capacité des agences fédérales à détecter, dissuader et contrer l’ingérence étrangère.

Les audiences, prévues jusqu’au 16 octobre, auront une portée assez large, examinant les institutions démocratiques et les expériences des communautés de la diaspora.

Trudeau, des membres de son entourage proche et de hauts responsables de la sécurité devraient revenir à l’enquête.

À partir du 21 octobre, la commission tiendra ensuite une semaine de consultations politiques, comprenant une série de tables rondes avec des experts, pour aider Hogue à élaborer des recommandations.

Son rapport final devrait être remis d’ici la fin de l’année.