C’est lundi après-midi et Summer McIntosh emmène ses médailles de Paris 2024 en tournée à la Maison du Canada.
Il y en a quatre, donc les enfiler est un vrai processus. Elle commence par l’argent pour que les trois or puissent le recouvrir. Au fur et à mesure qu’elle ajoute à la pile, elle doit s’assurer qu’ils ne se cognent pas trop les uns contre les autres. Il y a beaucoup de cliquetis et de réajustements, de penchements en avant, en arrière, puis en avant à nouveau. C’est un peu comme regarder quelqu’un enfiler une armure.
« Je les ai portés pendant une heure », raconte Mme McIntosh. « J’ai mal au cou maintenant. »
Combien pèsent-ils ?
« Je ne sais pas, dit-elle. Tu peux essayer. »
Elle enlève une des pièces d’or et la lui tend. Tandis que vous la maintenez en équilibre – et elle est lourde, environ trois rondelles de hockey –, ce n’est pas comme si Mme McIntosh vous surveillait comme un faucon. Son attention s’est portée sur la personne qui lui pose la question suivante.
C’est à ce moment-là que vous savez que vous êtes passé du statut de réussite olympique à celui de légende olympique : vous avez tellement de médailles que vous vous sentez à l’aise d’en prêter certaines.
Plus tard, lorsqu’une équipe de CNN arrive et semble légèrement choquée de ne pas pouvoir simplement rencontrer Mme McIntosh à son horaire, l’un des porte-parole canadiens prononce cette phrase immortelle : « Elle a un appel avec notre Premier ministre dans quatre minutes. »
Mme McIntosh porte la bannière, mais c’est un travail d’équipe. Et par équipe, j’entends les femmes.
Vous ne serez pas surpris d’apprendre qu’une fois de plus, les femmes sauvent le Canada aux Jeux olympiques.
Pas de quoi faire de l’ombre aux hommes. Ils s’en sortent à merveille. Ils ont même remporté quelques médailles en piscine. Les hommes peuvent être très fiers. Continuez comme ça.
Mais si notre réputation internationale est en jeu et qu’une compétition peut la sauver, appelez une femme. Cinq médailles en natation, dont les trois d’or de Mme McIntosh. Une médaille d’or en judo (Christa Deguchi). Des médailles dans toutes les disciplines, du rugby à l’aviron en passant par l’escrime. Onze des 15 premières médailles du Canada ici ont été remportées par des femmes.
Nous tenons désormais pour acquis que l’honneur sportif du Canada repose sur les épaules de la moitié du pays.
C’est tellement courant que l’éthique du « tu les auras, ma fille » du passé est devenue ringarde dans les cercles olympiques canadiens. On a maintenant l’impression qu’on s’en prend trop aux hommes, qui – Dieu les bénisse – font de leur mieux.
Interrogée à ce sujet lundi, la nageuse Kylie Masse (cinq médailles en trois Jeux olympiques) a commencé à nager sur le dos si vite qu’il est dommage qu’Omega n’ait pas été là pour chronométrer.
Coincée au milieu d’une longue réponse sur le fait qu’elle fait partie d’une grande famille qui ne fait pas la distinction entre les sexes, elle a déclaré : « En ce moment, j’ai l’impression que les femmes sont au premier plan. Et c’est le cas. »
Et ils sont.
Mme Masse a souligné que ce genre de choses « va et vient », et qu’elle ne voulait donc pas paraître trop triomphante. Un jour, les hommes pourraient à nouveau conduire le bus olympique.
Mais elle ne semblait pas très convaincante – ni convaincue. Au cours de ses trois Jeux olympiques, Mme Masse a vu ses coéquipières féminines amasser 17 médailles pour le Canada. Les nageurs canadiens en ont remporté trois au cours de la même période.
Il y a la loi des moyennes, et puis il y a ce que vous avez vu de vos propres yeux, et vous êtes obligé de faire confiance à l’une plutôt qu’à l’autre.
Il n’existe pas de mauvaise médaille. Le Canada les aime toutes de la même façon.
Mais puisque nous ne parlons que de ça, soyons honnêtes : il y a quelque chose d’indescriptiblement charmant à regarder Mme McIntosh, avec ses longs membres et ses grands yeux, dominer absolument le reste du monde. Elle donne un coup de fouet à la Phelps, à la Spitz et à la Ledecky aux meilleurs. Et ne montre rien de plus que ce sourire timide qu’elle a.
Pas de cris de joie ou de coups de poing de la part du Canada. Nous vous frappons à la loyale et nous vous offrons ensuite un coup de main. Et si CNN veut en entendre parler, ils peuvent se mettre en ligne.
C’est comme si le monde entier se présentait et disait : « Envoyez vos meilleurs combattants pour combattre nos meilleurs » et le Canada regardait autour de lui et disait : « Oui, nous avons cette fille ici. Je ne pense pas qu’elle ait fini le lycée, mais je ne la contrarierais pas si j’étais vous. »
De Bobby Clarke à Donovan Bailey en passant par Summer McIntosh, cela représente 50 ans d’histoire du sport canadien (et d’histoire, point final) en trois personnes.
Il ne faut pas toujours compter sur les femmes pour nous sauver. C’est injuste. Elles semblent y prendre plaisir, mais c’est beaucoup de pression. Un jour, ce sera aux hommes de prendre leur tour.
À chaque JO d’été, on s’attend à ce que cela se produise, mais ce n’est pas le cas. À Tokyo, les femmes ont remporté les trois quarts des médailles. À peu près le même pourcentage à Rio. Elles sont en passe d’atteindre un pourcentage similaire ici.
C’est comme ce raccourci que vous avez avec votre conjoint, où vous savez exactement qui va conduire. Cette personne se dirige directement vers la portière côté conducteur.
À l’approche des Jeux d’été, les Canadiennes sortent leurs clés de leurs poches pour se rendre à l’aéroport. Elles n’ont ni besoin ni envie de connaître les directions à suivre. Elles savent où elles vont.
On a fait des progrès lorsqu’on n’a plus besoin de dire aux gens qu’on progresse. Dans le dossier des femmes dans le sport, il reste encore du travail à faire pour équilibrer la balance. Mais pas aux Jeux olympiques.
Nous n’avons plus besoin de parler de parité. C’est une idée ancienne. Nous l’avons atteinte et même dépassée. Le résultat est une équipe qui fait valoir non seulement notre qualité, mais aussi nos valeurs dans le monde. Chaque fois qu’une autre Canadienne monte sur un podium ici, elle fait une déclaration au nom de tous.
C’est pour cette raison que nous finançons tous les programmes qui produisent tous les athlètes, dont seulement quelques-uns sont assez bons pour être ici. Ceux qui se rendent jusqu’ici font plus de bon travail pour faire connaître le Canada en trois semaines que n’importe quel autre programme gouvernemental pourrait le faire en trois ans.
Ils sont les meilleurs d’entre nous, ils représentent chacun d’entre nous.
Suivre la dernières nouvelles et faits marquants des Jeux Olympiques de Paris