Les musiciens de l’orchestre de chambre de Craftsbury présentent un concert de musique captivante

Les concerts de musique de chambre semblent aujourd’hui parfaitement sûrs, et constituent même une échappatoire aux mauvaises nouvelles qui vous parviennent sur votre téléphone. Mais dans l’Autriche et la Prusse, pays riches en musique, de …

Les musiciens de l'orchestre de chambre de Craftsbury présentent un concert de musique captivante

Les concerts de musique de chambre semblent aujourd’hui parfaitement sûrs, et constituent même une échappatoire aux mauvaises nouvelles qui vous parviennent sur votre téléphone. Mais dans l’Autriche et la Prusse, pays riches en musique, de la première moitié du XIXe siècle, les concerts de musique de chambre, qui se déroulaient alors dans les salles (ou chambres (en français) de domiciles privés — pourrait conduire à des arrestations.

Le prochain concert des Craftsbury Chamber Players rappelle à la fois l’intimité et le frisson de cette époque dans un programme consacré à Franz Schubert et Fanny Mendelssohn, ce mercredi 7 août, au Elley-Long Music Center de Colchester et le jeudi 8 août, à Hardwick Town House. Il s’agit du cinquième programme hebdomadaire sur six du groupe au cours de sa 58e saison estivale, dirigé par le directeur musical et violoncelliste Fran Rowell.

Les pianistes Marcantonio Barone et Inessa Zaretsky, qui enseignent respectivement dans les conservatoires de la région de Philadelphie et de New York, joueront la Fantaisie en fa mineur de Schubert pour piano à quatre mains, c’est-à-dire ensemble sur un seul piano. La violoniste et première violon de l’Orchestre symphonique du Vermont, Katherine Winterstein, se joindra à Zaretsky pour la Sonatine en la mineur de Schubert pour violon et piano. Et Barone interprétera le Trio en ré mineur de Mendelssohn avec la violoniste du Vermont Mary Rowell, une innovatrice de la nouvelle musique et habituée de TURNmusic à Waterbury, et la violoncelliste Mimi Hwang, qui enseigne à l’Eastman School of Music de Rochester, NY

Marie Rowell

Schubert et Mendelssohn sont nés à seulement huit ans d’intervalle mais ne se sont probablement jamais rencontrés ; ils ont grandi respectivement à Vienne et à Berlin, dans des conditions sociales très différentes. Schubert (1797-1828), fils d’un instituteur et d’une ancienne domestique, n’avait pas le statut social nécessaire pour accéder au monde musical viennois et n’a assisté qu’à peu de représentations publiques de ses œuvres au cours de sa brève existence. Tout en enseignant à de jeunes enfants dans les écoles de son père, il a réussi à composer quelque 900 compositions.

Des amis qui avaient reconnu son talent organisèrent des soirées privées dans lesquelles il jouait sa musique au piano, ce qui devint connu sous le nom de Schubertiades. Mais après la Révolution française, la police autrichienne, méfiante envers tout rassemblement de jeunes bruyants, dispersa une Schubertiade en 1820 et arrêta Schubert (alors âgé de 23 ans) et quatre de ses amis. L’un d’eux fut jeté en prison sans procès pendant plus d’un an, puis banni de Vienne. Schubert et les autres s’en tirèrent avec une sévère réprimande pour avoir insulté la police.

La Sonatine de Schubert de 1816 se termine par « un rondo plein d’énergie et de dynamisme, avec un peu de flair (romani) », écrit Rowell dans ses notes de programme, typiquement divertissantes. En d’autres termes, l’œuvre semble parfaite pour une interprétation de chambre animée. Et il est facile d’imaginer la Fantaisie du compositeur – une œuvre fascinante en quatre mouvements joués sans pause – interprétée pour la première fois par Schubert et le compositeur-pianiste Franz Lachner, assis côte à côte au piano d’un ami, en mai 1828. Schubert est décédé six mois après cette première, à l’âge de 31 ans, sans savoir que sa musique allait devenir un incontournable du répertoire classique.

Mendelssohn (1805-1847) avait les avantages de la richesse et des relations qui manquaient à Schubert, mais l’inconvénient d’être une femme. Aînée d’un éminent banquier berlinois, elle était une pianiste et compositrice accomplie qui servit de conseillère musicale à son jeune frère Felix, mais qui devait finalement se marier. Heureusement, sa vie conjugale comprenait la direction des salons musicaux que sa mère décédée organisait dans la maison familiale, où elle pouvait interpréter sa propre musique.

Mendelssohn composa près de 500 pièces, dont 125 pour piano, bien qu’elle sût qu’elle ne pourrait pas faire carrière dans la musique et qu’elle mourut à 41 ans. La plupart de ses œuvres restèrent sous forme de manuscrits, bien que quelques recueils de courtes pièces pour piano, quelques chansons et un trio pour piano aient été publiés de son vivant. Les notes de Rowell ajoutent que Felix avait fait publier une poignée de ses chansons sous son nom « dans ce qui était considéré comme un secret de polichinelle ».

Interrogé sur la manière dont les musiciens parviendraient à transmettre l’intimité des œuvres du concert dans l’espace ouvert et majestueux d’Elley-Long, Rowell a répondu : « La musique le fait. Vous pouvez jouer ces œuvres dans une salle de 3 000 places et les gens se pencheront en avant pour écouter. »