Plainte en éthique déposée contre un juge qui contestait la constitutionnalité de la loi linguistique québécoise

Un groupe de défense des droits accuse un juge québécois de politiser les tribunaux après avoir contesté la constitutionnalité de la loi linguistique de la province qui exige la traduction immédiate en français des jugements …

Plainte en éthique déposée contre un juge qui contestait la constitutionnalité de la loi linguistique québécoise

Un groupe de défense des droits accuse un juge québécois de politiser les tribunaux après avoir contesté la constitutionnalité de la loi linguistique de la province qui exige la traduction immédiate en français des jugements en anglais.

Le groupe à but non lucratif Droits Collectifs Québec (DCQ) affirme que le juge de la Cour du Québec, Dennis Galiatsatos, s’est mis en conflit d’intérêts avec sa décision du mois dernier, alléguant qu’il avait violé trois articles du Code de déontologie judiciaire. La DCQ a déposé la semaine dernière une plainte officielle en matière d’éthique auprès du Conseil de la magistrature du Québec.

Le 17 mai, le juge Galiatsatos a exprimé ses inquiétudes dans sa décision de 17 pages selon laquelle une modification à la Charte de la langue française du Québec entraînerait des « retards indus » dans les procès tenus en anglais en raison d’une nouvelle exigence selon laquelle les décisions en anglais doivent être traduites « immédiatement et sans délai ». «. L’amendement devait entrer en vigueur le 1er juin 2024, mais sa décision l’a rendu « inopérant » car il ralentirait le processus judiciaire pour les anglophones, selon le jugement.

Il a soulevé la question avant le début du procès qu’il supervise pour Christine Pryde, une anglophone qui est actuellement jugée pour des accusations de conduite dangereuse, de conduite avec facultés affaiblies et de négligence criminelle dans le décès de la cycliste Irene Dehem en 2021.

«S’il y a quelque chose d’inconstitutionnel dans ce dossier, c’est bien cette décision militante et politique du tribunal de s’attaquer aux lois votées par le Parlement québécois sans même qu’un parti ne le lui demande», a déclaré le directeur général de la DCQ, Étienne-Alexis Boucher, dans une déclaration sur leur site Web.

«C’est un déni de la séparation des pouvoirs et du rôle des tribunaux dans notre droit civil québécois, dont le rôle est d’appliquer et non de faire la loi.»

Galiatsatos a déclaré que la traduction des décisions de justice peut prendre des semaines, voire des mois, et que l’ajout de cette nouvelle exigence au Québec pourrait forcer les anglophones à attendre plus longtemps que ceux qui sont jugés en français.

Or, dans sa plainte déposée le 5 juin, Boucher accuse le juge de sortir « du cadre de la loi » et de méconnaître « les limites des pouvoirs de sa fonction judiciaire ».

Il a également contesté la décision de Galiatsatos sur la question de son propre chef et non après que l’une ou l’autre des parties à l’affaire Pryde l’ait soulevée.

«Le juge Denis Galiatsatos s’est ainsi placé une fois de plus, sinon intentionnellement, du moins par effet, dans une situation de conflit d’intérêts et de partialité, brouillant la frontière entre juge et partie», peut-on lire dans la plainte.

« Les juges ne sont nullement au-dessus des lois. Il n’a pas le pouvoir inhérent de s’ériger en inquisiteur de la validité constitutionnelle des lois québécoises; encore moins, avant leur entrée en vigueur, de les déclarer invalides de sa propre initiative. au nom du système constitutionnel canadien; et encore moins lorsque les partis lui ont explicitement demandé de ne pas le faire. »

Le Conseil de la magistrature du Québec a déclaré qu’il ne pouvait pas commenter des plaintes spécifiques qui en sont à leurs premiers stades.