Toronto et Montréal se classent parmi les villes les plus meurtrières en matière de vagues de chaleur au Canada, selon une nouvelle étude de Statistique Canada (StatCan).
Publiée mercredi, l’examen des données sur 20 ans a comparé les taux de mortalité lors d’épisodes de chaleur accablante parmi les 12 villes canadiennes les plus peuplées. Les chercheurs ont découvert que même si la chaleur extrême contribue souvent à la surmortalité dans les totaux nationaux, les deux plus grandes villes du pays ont connu les pics les plus importants.
StatCan a dénombré environ 700 décès supplémentaires attribués à la chaleur entre 2000 et 2020, dont 230 attribués spécifiquement à des problèmes cardiaques ou pulmonaires.
Sur ce total, on estime que 250 personnes ont été dénombrées parmi les résidents de Toronto et 295 à Montréal, cette dernière municipalité connue pour être particulièrement vulnérable aux décès environnementaux et liés à la chaleur, selon des recherches.
«Une explication… peut être la concentration de logements locatifs et les niveaux inférieurs d’accès à la climatisation parmi les locataires, par rapport aux propriétaires», indique l’étude.
Québec, Ottawa, Surrey, Colombie-Britannique, Vancouver, Brampton, Ont. et Mississauga, Ontario. ont constaté des effets moindres sur la surmortalité que Toronto et Montréal, variant entre 22 et 34 surmortalités au cours de la période de l’examen. À Calgary, Winnipeg, Edmonton et Hamilton, les chiffres de mortalité lors d’épisodes de chaleur accablante reconnus étaient en fait légèrement inférieurs à la référence.
«À quelques exceptions près, les risques de mortalité lors d’épisodes de chaleur extrême dans les 10 autres villes n’étaient pas significativement différents des moyennes quotidiennes», indiquent les résultats de l’étude.
Des villes plus fraîches, des hotspots de locataires plus vulnérables
L’étude de juin a révélé une corrélation entre la proportion de ménages loués dans une ville et son risque de décès dû à la chaleur excessive.
Les données du recensement montrent que Montréal et Toronto sont parmi les villes canadiennes où le nombre de locataires est le plus élevé, avec respectivement 61 et 48 pour cent des ménages loués à leurs occupants. De plus, l’étude de StatCan cite des recherches démontrant que les locataires ont beaucoup moins accès à la climatisation, comparativement aux moyennes provinciales du Québec, de l’Ontario et de la Colombie-Britannique.
Un autre facteur possible des pics de mortalité était la fréquence relative des épisodes de chaleur extrême dans les zones touchées. L’analyse statistique a révélé que plus une ville connaît de jours de chaleur extrême, moins elle aura d’impact sur l’ensemble – une tendance suggérée par StatCan pourrait être due au fait que ces villes sont mieux préparées, tant en termes de ressources que de biologie.
«Des recherches antérieures ont suggéré que les personnes vivant dans des zones où les températures ambiantes sont plus basses et où les épisodes de chaleur extrême sont moins nombreux peuvent avoir des niveaux d’acclimatation physique plus faibles», indique l’étude, soulignant également le manque de climatisation dans les villes aux températures plus fraîches.
«Surrey et Vancouver, en particulier, ont connu le moins d’épisodes de chaleur accablante… mais parmi les plus élevés (risques relatifs de chaleur extrême) attribuables à des causes non accidentelles et cardiovasculaires.»
La chaleur est plus meurtrière pour les seniors
La chaleur extrême a longtemps été associée à un excès de décès, que ce soit par épuisement, accident vasculaire cérébral ou exacerbation de problèmes médicaux existants. Les recherches démontrent que les aînés canadiens sont les plus touchés par la chaleur.
«Les épisodes de chaleur extrême se sont révélés plus fortement associés à la mortalité chez les personnes âgées de 65 ans et plus», indique l’étude.
«Les personnes âgées de moins de 65 ans ne présentaient pas de risques de mortalité significativement plus élevés lors d’épisodes de chaleur extrême, quelle qu’en soit la cause ou dans n’importe quelle ville.»