Quiconque a acheté une maison au Québec connaît les montagnes russes que représente cet achat important qui change sa vie – et l’effondrement soudain qui se produit lorsque la facture de taxe de bienvenue arrive par la poste, parallèlement à son délai de paiement de 30 jours.
La taxe de « bienvenue », officiellement connue sous le nom de taxe sur la propriété ou sur les mutations immobilières, peut varier de quelques milliers à des dizaines de milliers de dollars, selon le prix d’achat de la maison.
« Lorsqu’un titre de propriété change de mains, la province impose cette transaction », explique Brian Wenzel, professeur agrégé de comptabilité à la Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill.
Il s’agit d’un paiement au niveau municipal qui a été établi au niveau provincial en 1976 – un moyen efficace pour les villes de gagner de l’argent sans avoir à passer par des canaux supérieurs.
«Cette taxe de bienvenue reste à l’intérieur de Montréal», note Wenzel. «C’est donc un avantage appréciable pour la Ville de Montréal, car c’est l’un des rares domaines où elle peut réellement générer des revenus sans avoir à demander à la Ville de Québec ce qu’elle peut faire.»
Le surnom de « taxe de bienvenue » vient du ministre libéral du Québec (PLQ) de l’époque, Jean Bienvenue, qui a déposé le projet de loi recommandant son introduction.
À l’époque, selon le ministère des Affaires municipales du Québec, l’objectif était de permettre aux municipalités « d’augmenter leur assiette fiscale et de s’autofinancer ».
«Cependant, le projet de loi en question est l’œuvre du ministre des Affaires municipales Guy Tardif, qui l’a parrainé jusqu’à son adoption le 22 décembre 1976», souligne le ministère.
Un agent immobilier se tient devant une pancarte de vente. (Pavel Danilyuk/pexels.com)
Une source de revenus « majeure »
En 2022, le ministère des Affaires municipales du Québec affirme que les villes du Québec ont amassé 1,4 milliard de dollars en droits de mutation immobilière, ce qui représente « une source de revenus importante pour les municipalités ».
La Ville de Montréal à elle seule a reçu cette année-là plus de 410 millions de dollars en taxes de bienvenue.
En 2023, la ville a gagné 286 millions de dollars et en 2024, les autorités s’attendent à des rendements de plus de 324 millions de dollars grâce aux droits de mutation immobilière.
Pour 2025, Montréal estime des gains de plus de 314 millions de dollars.
«C’est une façon de générer des revenus. Cela semble mauvais, comme si le gouvernement voulait plus d’argent, mais c’est une base différente pour augmenter les revenus, et c’est le but», a déclaré Wenzel à CTV News. «Il s’agit en quelque sorte de diversifier le système financier du gouvernement. Ainsi, même si c’est nul de devoir payer, et j’ai dû le faire, je comprends l’intérêt de simplement élargir l’assiette de l’impôt. «
Lorsqu’on leur demande comment est réinvesti l’argent récolté, les responsables de la Ville de Montréal se contentent de répondre : « l’argent des droits de mutation sert à financer tous les services de la ville ».
Le ministère des Affaires municipales du Québec précise que cela pourrait inclure l’entretien et la construction d’infrastructures, telles que le système d’aqueduc, les routes, les parcs et autres services municipaux.
«Tout l’argent va simplement dans le fonds général de la Ville de Montréal, ce qui leur permet peut-être de ne pas taxer aussi haut les propriétés ailleurs», a déclaré Wenzel.
Il note qu’avec la baisse des taux d’intérêt, les experts estiment que le marché immobilier pourrait bientôt exploser, ce qui rapporterait plus d’argent aux villes.
«En théorie, vous pourriez réduire les frais et autres taxes ailleurs si vous aviez cette manne de revenus», réfléchit-il.
Une clé de maison. (Jakub Zerdzicki/pexels.com)
Calcul de la taxe
Wenzel explique que le calcul de la taxe de bienvenue se décompose en plusieurs tranches.
Les trois premières tranches sont fixées par la loi provinciale et les municipalités sont libres d’établir des taux d’imposition supplémentaires à condition qu’ils ne dépassent pas trois pour cent.
Montréal et Québec font exception à cette règle.
À compter de 2024, les tarifs sont les suivants :
- 0,5 pour cent pour le montant payé jusqu’à concurrence de 58 900 $;
- Un pour cent pour le montant payé entre 58 900 $ et 294 600 $ ;
- 1,5 pour cent pour tout montant dépassant 294 600 $.
De plus, la Ville de Montréal facture :
- Deux pour cent de 552 300 $ à 1 104 700 $ ;
- 2,5 pour cent de 1 104 700 dollars à 2 136 500 dollars ;
- 3,5 pour cent de 2 136 500 dollars à 3 113 000 dollars ;
- Quatre pour cent pour le montant payé dépassant 3 113 000 $.
Cela signifie que pour une maison de 700 000 $ :
- La première tranche de 58 900 $ multipliée par 0,5 pour cent équivaut à 294,50 $.
- Les 235 700 $ suivants multipliés par un pour cent donnent 2 357 $.
- Les 57 700 $ suivants multipliés par 1,5 pour cent donnent 3 865,50 $.
- Les 147 700 $ restants multipliés par deux pour cent donnent 2 954 $.
Par conséquent, le montant total de la taxe de bienvenue serait de 9 471 $.
Pour une propriété d’un million de dollars, ce chiffre monte à un peu plus de 15 000 $ dans des villes comme Montréal et Laval et à plus de 19 000 $ à Longueuil sur la Rive-Sud.
Tant l’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ) que l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (AQPAREB) se disent incapables de s’exprimer sur le sujet et sa place dans l’immobilier au Québec.
Quiconque souhaite calculer combien pourrait coûter sa taxe de bienvenue peut utiliser le calculateur ici.