Les dockers du port de Montréal ont entamé une nouvelle grève jeudi matin, forçant la fermeture pour une durée indéterminée de deux terminaux à conteneurs du deuxième plus grand port du pays.
Le Port de Montréal affirme que les terminaux Viau et Maisonneuve sont fermés jusqu’à nouvel ordre, paralysant 40 pour cent de la capacité totale de manutention de conteneurs du port. Le syndicat représentant près de 1.200 débardeurs a entamé sa dernière grève à 11 heures, touchant les deux terminaux exploités par la société Termont. La dernière grève implique jusqu’à 320 travailleurs.
Le débrayage de jeudi s’ajoute à une grève en cours sur les heures supplémentaires affectant l’ensemble du port, et fait suite à une grève de trois jours dans les deux mêmes terminaux à conteneurs au début du mois. Le syndicat a également organisé dimanche un arrêt de travail de 24 heures.
Les responsables du syndicat, qui est lié au Syndicat canadien de la fonction publique, ont déclaré qu’ils étaient prêts à mettre fin à la grève si un accord était conclu sur une partie du conflit centré sur les horaires.
Les représentants syndicaux ont déclaré plus tôt cette semaine que Termont était ciblée parce qu’elle avait largement recours à des pratiques d’horaires auxquelles le syndicat s’oppose, au motif qu’elles ont un impact sur l’équilibre travail-vie personnelle.
L’Association des employeurs maritimes a dénoncé la grève et déclaré qu’elle ne pouvait pas accéder à la demande de modification des horaires de travail sans que des négociations formelles aient lieu.
«Les horaires utilisés sur les différents quais (…) remis en cause par le syndicat ces derniers jours sont inscrits dans la convention collective en vigueur et ne peuvent servir de monnaie d’échange pour une grève visant un seul opérateur, comme c’est le cas aujourd’hui», précise le communiqué. » a écrit le groupe jeudi dans un communiqué de presse.
Les travailleurs sont sans contrat depuis le 31 décembre 2023. Outre les problèmes d’horaires et d’équilibre entre travail et vie privée, le syndicat demande également une augmentation de salaire. Il affirme qu’il acceptera les mêmes augmentations que celles accordées à ses homologues d’Halifax ou de Vancouver, soit 20 pour cent sur quatre ans.
Dans un communiqué, la PDG du Port de Montréal, Julie Gascon, a prévenu qu’un arrêt prolongé pourrait avoir de vastes répercussions sur l’économie et a exhorté les parties à parvenir à un accord. Elle a déclaré que les navires étaient déjà contraints de se réorienter vers d’autres ports.
« Ce nouvel arrêt de travail aux terminaux Viau et Maisonneuve, au cœur même de notre chaîne d’approvisionnement, ne peut qu’avoir un impact profondément négatif sur des milliers d’entreprises locales, ainsi que sur l’économie du Québec et du Canada dans son ensemble », a-t-elle déclaré. a écrit. «Cette fermeture touche la moitié de nos terminaux à conteneurs internationaux et accentue un climat d’incertitude qui mine la fiabilité et l’image de notre secteur logistique, éléments clés de la confiance que les entreprises placent dans l’écosystème du grand Montréal.»
La Chambre de commerce du Canada a publié une lettre sur son site Internet exhortant le gouvernement du Canada à utiliser « tous les outils à sa disposition » pour faciliter le retour à la table des négociations, avertissant qu’une grève illimitée risque d’accélérer l’inflation, d’augmenter les coûts pour les entreprises et les consommateurs, et nuire à la réputation du Canada en tant que partenaire commercial fiable.
«Les Canadiens s’attendent à une action rapide et décisive de la part de nos élus pour faciliter la résolution de ce conflit de travail et assurer notre avenir économique», peut-on lire dans la lettre, signée par des dizaines de groupes d’affaires et de chambres de commerce.
L’Association des employeurs maritimes a réitéré son appel au ministre fédéral du Travail pour qu’il intervienne pour ramener les parties à la table des négociations. Il a déclaré qu’il avait déjà procédé à des coupes budgétaires en réponse au conflit du travail et a averti que «des décisions difficiles mais nécessaires pourraient devoir être prises pour faire face aux nombreux impacts de cette nouvelle grève».
Plus tôt ce mois-ci, le ministre fédéral du Travail, Steven MacKinnon, a proposé la nomination d’un médiateur spécial afin que les parties puissent reprendre les négociations sans lock-out ni grève pendant 90 jours, mais cette offre a été rejetée.
Dans un communiqué publié jeudi, le bureau de MacKinnon a déclaré que les parties «doivent trouver un processus menant à un accord négocié le plus rapidement possible».
«Les médiateurs fédéraux et le ministre MacKinnon restent disponibles pour les aider, et nous continuons de suivre la situation de près.»