Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a publié mercredi une déclaration affirmant que tout comportement raciste ou discriminatoire au sein de la force est inacceptable.
La déclaration envoyée à CTV News intervient un jour après qu’un policier vétéran a écrit dans une lettre de démission que le racisme est « un cancer qui ronge » l’organisation.
Le communiqué du SPVM indique que le chef de police Fady Dagher s’est engagé à lutter contre la discrimination « sous toutes ses formes » et a travaillé à l’intégration de valeurs telles que la diversité et l’inclusion au sein de ses forces.
« Le SPVM mise sur un service professionnel, respectueux et sans discrimination pour gagner la confiance de tous les Montréalais. Il vise à offrir un environnement équitable, diversifié et inclusif à l’ensemble de son personnel, tant les policiers que les civils », peut-on lire dans le communiqué.
Le service de police a noté des exemples de mesures visant à rendre l’organisation plus inclusive, en élargissant son programme de diversité, d’équité et d’inclusion et en offrant du soutien aux employés issus de minorités visibles.
« Est-ce que tout ce que fait le SPVM est parfait? Non. Il y a toujours place à l’amélioration », a affirmé le SPVM.
Patrice Vilcéus, un commandant de haut rang du SPVM, a démissionné après plus de 30 ans de service.
« Tout au long de ma carrière, j’ai veillé à ne pas être un simple observateur du racisme, du profilage racial et des défis sociaux. Mon objectif a été de briser les tabous et d’introduire des approches plus nuancées, afin de prendre en compte tous les aspects et d’aider l’organisation à grandir », a-t-il écrit dans une lettre de quatre pages obtenue par CTV News.
« La recherche scientifique commandée par le SPVM est un exemple flagrant du cancer qui ronge l’organisation, et le jugement de la Cour supérieure présidée par l’honorable juge Dominique Poulin en est l’apothéose. »
Sa lettre fait référence à la récente décision de la Cour supérieure du Québec déclarant qu’il existe une forme systémique de profilage racial au sein du SPVM.
C’était une critique trop familière pour le défenseur de l’antiracisme, Fo Niemi.
« Nous avons entendu à maintes reprises, notamment à la Ville de Montréal, que lorsque des gens déposent des plaintes de racisme, de harcèlement ou d’homophobie, elles ne sont pas prises au sérieux et on laisse le problème s’envenimer », a déclaré Niemi, directeur général du Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR).
Vilcéus est né en Haïti et est arrivé au Québec alors qu’il était enfant. Il a gravi les échelons du SPVM, devenant par la suite commandant de l’escouade antigang.
Il a dénoncé ceux qui, au sein de la haute direction, résistent au changement.
« Il est crucial », écrit-il, « de surmonter la résistance de certains dirigeants qui défendent le statu quo. »
Selon Niemi, « la diversité signifie également la diversité des opinions et des voix, et c’est très important pour qu’une organisation, comme le Service de police de Montréal, grandisse et soit adoptée et soutenue par la communauté. »
Invité à répondre à la lettre, le ministre de la Sécurité publique du Québec a minimisé les allégations.
« Je pense qu’il y a peut-être eu des occasions où (Vilcéus) avait vu des situations, certaines situations concernant le racisme au SPVM, mais je n’ai jamais pensé, comme je l’ai dit encore une fois, qu’il y avait du racisme systémique au SPVM », a déclaré le ministre François Bonnardel aux journalistes à Québec.
Vilcéus a salué les efforts du chef Dagher dans la lutte contre le racisme et espère que cela conduira à un changement.