Le Canada a du mal à mener à bien de grands projets d’exploitation des ressources naturelles, selon le rapport de C.D. Howe

Un rapport indique que les gouvernements doivent accorder les permis en temps opportun et respecter la répartition des pouvoirs pour encourager les investissements Les retards dans l’obtention des permis et l’incertitude réglementaire au Canada constituent …

Le Canada a du mal à mener à bien de grands projets d’exploitation des ressources naturelles, selon le rapport de C.D. Howe

Un rapport indique que les gouvernements doivent accorder les permis en temps opportun et respecter la répartition des pouvoirs pour encourager les investissements

Les retards dans l’obtention des permis et l’incertitude réglementaire au Canada constituent un frein lorsqu’il s’agit d’attirer des investissements dans des projets d’infrastructure majeurs.

« Le système actuel de délivrance de permis réglementaires au Canada est lent, sujet à des changements de processus et de politique apparemment aléatoires et dissuade les investisseurs potentiels », résume un nouveau rapport de l’Institut CD Howe intitulé, « Faciliter la tâche : comment le Canada peut prendre des décisions plus rapides concernant ses grands projets », co-écrit par Charles DeLand et Brad Gilmour.

Le rapport indique que le pays est en retard dans la réalisation de grands projets d’infrastructures à moindre coût et rapidement en raison d’un régime d’approbation réglementaire ambigu et aléatoire qui sème le doute chez les investisseurs potentiels. Cela fait grimper les coûts pour les investisseurs et empêche la réalisation de projets majeurs.

Les routes, les pipelines, les barrages hydroélectriques, les lignes électriques, les ressources naturelles et les projets manufacturiers sont des projets complexes, coûteux et parfois controversés. La création d’un processus réglementaire incertain à Ottawa n’a pas amélioré les choses et a entravé les investissements des entreprises pendant des années. En conséquence, la croissance de la productivité au Canada en a souffert, selon le rapport.

« Le Canada a du mal à réaliser de grands projets d’infrastructure dans un délai et à un prix raisonnables et les modifications proposées à la Loi sur l’évaluation d’impact (LEI) sont insuffisantes », a déclaré le coauteur du rapport, Brad Gilmour, dans un communiqué de presse.

La réduction des coûts du processus réglementaire et l’accélération des délais d’approbation contribueront grandement à réduire les risques liés aux projets et à augmenter les chances d’investissement.

Malgré ses importantes ressources naturelles, le Canada est à la traîne par rapport au reste du monde en ce qui concerne sa part relative d’investissement dans les ressources.

Depuis un certain temps, la situation évolue dans le mauvais sens en ce qui concerne le développement au Canada. Les projets d’investissement minier mondiaux ont considérablement augmenté au cours des deux dernières années, mais les investissements au Canada stagnent relativement depuis 2016.

Parmi les chiffres extraits par les auteurs du rapport figurent ceux d’une autre étude qui montre que le nouvel investissement par travailleur au Canada n’était que de 57 cents par travailleur américain en 2022.

L’inventaire des grands projets de Ressources naturelles Canada permet de suivre les projets en cours de construction ou prévus pour la prochaine décennie, une mesure qui peut indiquer les investissements futurs. L’activité a connu un regain après la pandémie, mais, même en tenant compte de l’inflation, les dépenses consacrées aux projets énergétiques et miniers restent bien en deçà du sommet de 2015.

Il s’agit d’une tendance inquiétante, puisque le pétrole, le gaz et l’exploitation minière ont toujours été l’épine dorsale de l’industrie canadienne, offrant des emplois bien rémunérés, des retombées bénéfiques et générant des recettes fiscales et des redevances considérables pour les gouvernements, ont déclaré les auteurs.

La réglementation gouvernementale des grands projets peut coûter aux promoteurs « des centaines de millions de dollars pour des projets majeurs complexes ».

Et plus le processus d’approbation est long, plus la barre de rentabilité sera élevée pour compenser les coûts de mise en œuvre d’un projet avant que des revenus ne soient générés. Pour les promoteurs qui envisagent un investissement, l’incertitude quant à « l’approbation d’un projet » réduit les chances de lancer le processus d’approbation.

Ces coûts peuvent encore augmenter lorsque l’approbation d’un projet fédéral peut être assortie de 137 conditions, comme ce fut le cas avec le feu vert d’Ottawa au projet pétrolier extracôtier Bay du Nord à Terre-Neuve-et-Labrador en 2022.

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Même si Ottawa encourage une plus grande coopération fédérale-provinciale sur les projets de ressources et évite les doublons en matière de chevauchement réglementaire, il s’aventure souvent dans les domaines de compétence provinciale.

Cela a valu au gouvernement fédéral une gifle il y a quelques mois, lorsque la Cour suprême du Canada a déclaré que sa Loi sur l’évaluation d’impact était inconstitutionnelle.

Ottawa a élaboré une « interprétation extensive » de ce qui relève de sa compétence, empiétant sur un domaine de compétence provinciale qui est devenu constitutionnellement discutable et crée une énorme incertitude. La Loi sur l’évaluation d’impact a permis aux décideurs de « réglementer à la volée et d’imposer des conditions » aux activités au cas par cas dans des domaines qui ne relèvent pas de sa compétence.

Au lieu de laisser aux provinces la responsabilité de la façon dont une mine est développée, exploitée et fermée, le gouvernement fédéral devrait se contenter d’intervenir dans les domaines où il a réellement des pouvoirs juridictionnels, comme la protection de l’habitat du poisson, indique le rapport, sans s’aventurer dans les questions d’émissions de gaz à effet de serre.

Alors qu’Ottawa encourage l’extraction de minéraux plus critiques pour soutenir les fabricants de véhicules électriques, de production d’énergie éolienne et solaire et de stockage de batteries — du moins sur le papier par le biais de sa stratégie fédérale sur les minéraux critiques — le gouvernement fédéral a également reconnu dans son budget 2023 qu’il avait encore du chemin à parcourir en ce qui concerne l’efficacité du processus d’autorisation et d’évaluation d’impact pour les grands projets.

En ce qui concerne les questions d’intérêt public liées aux grands projets, les auteurs proposent qu’une loi soit élaborée sur les personnes pouvant participer au processus d’examen réglementaire.

Ils suggèrent que la participation des parties prenantes soit « limitée à ceux qui ont des intérêts légitimes en jeu », c’est-à-dire aux personnes qui possèdent ou occupent des terres à proximité de l’endroit où l’activité proposée aurait lieu et qui seraient les plus impactées, plutôt qu’à des groupes extérieurs.

« Le fait d’avoir des droits de participation illimités suscite des objections qui contribuent peu au processus, crée des retards inutiles et détourne effectivement l’attention des préoccupations de ceux qui sont réellement concernés. »

Parmi leurs recommandations, les auteurs suggèrent de laisser les responsabilités de prise de décision sur les impacts potentiellement néfastes des activités du projet entre les mains des experts, suggérant des tribunaux politiquement indépendants qui peuvent mieux déterminer ce qui est dans l’intérêt du public.

Le document indique que les gouvernements peuvent mieux servir le processus réglementaire en respectant la division du pouvoir, en restant dans leurs limites juridictionnelles et en travaillant « harmonieusement, dans un esprit de fédéralisme coopératif ».