Le ministre québécois de l’Habitation hué sur scène lors du sommet sur l’itinérance

Le discours de la ministre québécoise du Logement, France-Élaine Duranceau, lors du quatrième Forum sur l’itinérance à Québec, vendredi, a été perturbé par les huées, les protestations et les quolibets des acteurs communautaires. Une déclaration …

Le ministre québécois de l'Habitation hué sur scène lors du sommet sur l'itinérance

Le discours de la ministre québécoise du Logement, France-Élaine Duranceau, lors du quatrième Forum sur l’itinérance à Québec, vendredi, a été perturbé par les huées, les protestations et les quolibets des acteurs communautaires.

Une déclaration du ministre selon laquelle le programme de supplément au loyer était « peut-être un peu sous-utilisé » a provoqué des tensions dans l’assistance. Des voix se sont élevées pour contredire le ministre.

Devant la réaction d’un public de quelques centaines de personnes, le ministre a tenté de corriger la situation en disant : «Je ne vous en veux pas, je dis qu’il faut adapter le programme lorsque cela est nécessaire».

Le Programme de supplément au loyer (PSL) permet aux ménages à faible revenu de payer un loyer équivalant à 25 pour cent de leur revenu.

Une femme a alors interrompu le ministre en disant qu’elle savait déjà ce qu’elle avait à dire, ce qui lui a valu les applaudissements du public. Duranceau poursuivit néanmoins son discours.

Mais le comble a été lorsque le ministre a déclaré que « personne ne peut être expulsé au Québec dans un contexte de rénovation ».

Ses propos ont provoqué une vague de protestations et de huées de la part du public.

«C’est un désastre», a déclaré une femme.

Après son discours, la ministre Duranceau a quitté la scène sous les applaudissements et les huées du public, ainsi que sous de nombreuses huées.

« Avec quoi veut-elle que j’investisse ?

Lors d’une point de presse après l’événement, la ministre est revenue sur ses propos, soulignant que son gouvernement avait mis en place un moratoire sur les expulsions.

«Ce n’est pas pour rien que nous menons actuellement une campagne publicitaire… Les gens ont besoin de connaître leurs droits», a-t-elle déclaré.

«Je pense que cette réaction est compréhensible, compte tenu des difficultés que vivent les gens sur le terrain. Mais je pense que nous avons fait beaucoup de progrès», a-t-elle ajouté.

La femme qui a interrompu le ministre, Marie-Jile Cliche de Clés en main, a été interviewée par La Presse Canadienne en marge de l’événement et a affirmé que Duranceau manquait « de manières, de considération et de sensibilité ».

«Dire à des gens comme moi qu’ils n’ont qu’à investir dans l’immobilier. Avec quoi veut-elle que j’investisse ?» a-t-elle plaisanté, faisant écho à une déclaration antérieure du ministre qui avait suscité la controverse.

À l’été 2023, lors du débat houleux sur la limitation des cessions de baux, Duranceau avait déclaré : « Vous ne pouvez pas utiliser un droit qui n’est pas le vôtre, pour céder un bail à quelqu’un d’autre, dans des conditions que vous décidez quand ce n’est pas le vôtre. votre immeuble. Tout locataire qui souhaite faire cela doit investir dans l’immobilier et prendre les risques qui vont avec.

Le ministre était aux États généraux de l’itinérance pour annoncer, en compagnie du ministre fédéral Jean-Yves Duclos, la sélection de 22 projets d’habitation qui donneront lieu à 500 logements réservés aux personnes en situation d’itinérance.

Selon Duclos, le secteur de l’itinérance est « un milieu de gens passionnés, là avec leur cœur, qui traversent des situations difficiles d’un point de vue professionnel, car ils sont chaque jour là pour aider les personnes qui en ont vraiment besoin ».

«Et tout comme les élus du gouvernement québécois, parfois les élus du gouvernement canadien ressentent aussi de manière plus tangible la pression qui accompagne ce travail, mais c’est une pression qui est normale», a-t-il déclaré.

Le député de Québec solidaire Guillaume Cliche-Rivard, qui était également présent à l’événement, a déclaré qu’il y avait « probablement un certain mécontentement dans la communauté ».

«Je fais la tournée des groupes, notamment à Montréal, depuis septembre, et c’est ce que j’entends sur le terrain, que lorsqu’il est question de logement social, ça ne marche pas», dit-il.

« Je pense que c’était l’occasion pour la ministre de tendre la main au secteur communautaire et à ceux qui s’intéressent à la question de l’itinérance, de la pénurie de logements et de la crise du logement. Je ne pense pas qu’elle ait choisi les bons mots pour rétablir la confiance, et c’est déplorable», a déclaré le député péquiste Joël Arseneau.