Le premier ministre François Legault s’est dit d’accord avec Donald Trump sur l’immigration, mais craint l’impact dévastateur des tarifs douaniers de 25 pour cent annoncés par le président élu sur les exportations québécoises.
Trump a annoncé lundi qu’il imposerait des droits de douane de 25 % sur les produits en provenance du Canada et du Mexique s’ils ne renforcent pas leurs contrôles aux frontières pour bloquer l’immigration illégale et les drogues comme le fentanyl.
Tous les produits québécois pourraient être touchés, de l’aéronautique, de la foresterie et de l’agriculture jusqu’aux exportations d’électricité.
«Nous devons prendre cela au sérieux», a déclaré Legault aux journalistes mardi après-midi.
«Les craintes de Donald Trump concernant l’immigration sont légitimes», a-t-il poursuivi, soulignant qu’au cours des dernières années, il y a eu une augmentation significative du nombre d’immigrants illégaux traversant le Canada vers les États-Unis.
Il a exigé un plan clair de protection des frontières de la part du premier ministre Trudeau, avec qui il s’est entretenu lundi.
Des tarifs douaniers sur les exportations québécoises signifieraient « des dizaines de milliers d’emplois perdus », a déclaré Legault.
Cependant, ce n’est pas le moment de parler de représailles, dit-il, car le Québec est en position de faiblesse : il exporte pour 87 milliards de dollars au sud de la frontière, mais n’importe que pour 43 milliards de dollars de produits américains.
Les libéraux du Québec (PLQ) ont réclamé la nomination d’un négociateur en chef pour défendre les intérêts de la province auprès de la prochaine administration Trump, mais Legault attend de voir quel rôle le gouvernement fédéral leur laissera jouer.
Le chef par intérim du PLQ, Marc Tanguay, a soutenu que la menace de Trump constitue un danger majeur pour l’économie du Québec.
Le gouvernement fédéral de Trudeau a déjà pris des mesures pour rétablir les liens avec l’entourage de Trump. Legault a également annoncé qu’il se rendra à Washington au début de cette année.
Mais Tanguay a insisté sur l’urgence d’accélérer le rythme.
Il n’a pas voulu suggérer de noms, mais le candidat à la direction du PLQ, Frédéric Beauchemin, a recommandé Raymond Bachand.
Négociations précédentes
Tanguay a rappelé qu’en 2017, le premier ministre libéral Philippe Couillard avait nommé Bachand pour renégocier l’ALENA.
Quelques années plus tôt, un autre libéral, Jean Charest, avait confié à Pierre Marc Johnson le mandat de négocier l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne.
«Quand on regarde le profil des gens qui ont les compétences, qui ont le réseau, qui ont aussi la maturité et la capacité de négocier et d’être de bons négociateurs, ce sont deux bons exemples», a soutenu Tanguay.
«Il faut prendre cela avec calme et diplomatie, il faut planifier à l’avance», a déclaré aux journalistes le porte-parole économique du Parti québécois, Pascal Paradis.
Selon lui, c’est le Canada qui s’est mis en position de faiblesse en gérant « laxistement » sa frontière, ce que le PQ a dénoncé à plusieurs reprises.
« Que pouvons-nous faire de mieux, que pouvons-nous faire différemment ? Une gestion plus serrée des frontières permettra également d’aborder de front la question commerciale avec les États-Unis », a déclaré Paradis.
Il a déclaré que Trump avait déjà montré son vrai visage et que ses méthodes de négociation étaient bien connues.
« Nous appelons notre gouvernement à être très proactif », a-t-il déclaré.
« Il faut travailler avec nos partenaires, mobiliser les parties prenantes aussi, s’assurer d’avoir les bons acteurs dans la diplomatie québécoise aussi, parce qu’une période complexe va s’ouvrir, et ensuite considérer toutes nos options.
« Tout cela n’est qu’un spectacle de fumée de la part de l’administration Trump », a soutenu Beauchemin par la suite.
«En fin de compte, cela va coûter tellement cher (pour les Américains) que cela pourrait rallumer les flammes de l’inflation, et les conséquences pourraient être néfastes pour leur économie.»