Le premier ministre du Québec, François Legault, dit qu’il étudie les moyens de mettre fin à la prière dans les lieux publics, y compris les parcs, alors que son gouvernement promet de déposer une nouvelle loi pour renforcer la laïcité dans les écoles.
Legault a fait ces commentaires lors d’une conférence de presse à Québec vendredi pour souligner la fin de la session législative d’automne. Il a dit vouloir envoyer un « message très clair aux islamistes » selon lequel le Québec luttera contre tout manque de respect de ses valeurs fondamentales, dont la laïcité.
Le premier ministre a déclaré que les récents rapports selon lesquels des enseignants autorisent la prière dans les salles de classe et empêchent les filles de faire du sport, qui ont déclenché un tollé au Québec, sont « totalement inacceptables ».
«Il y a des enseignants qui apportent des concepts religieux islamistes dans les écoles québécoises», a-t-il déclaré. «Je ne tolérerai certainement pas cela. Nous ne voulons pas de cela au Québec.»
Legault est ensuite allé plus loin lorsqu’un journaliste lui a demandé s’il était également gêné par la prière dans les lieux publics. «Voir les gens à genoux dans les rues, en train de prier, je pense qu’il faut se poser la question. Je ne pense pas que ce soit quelque chose que nous devrions voir», a-t-il déclaré, ajoutant que son gouvernement réfléchissait à la possibilité de légiférer sur la question. .
Il a ajouté qu’il ne voulait pas voir des gens prier «dans les parcs publics ou dans les rues publiques». Interrogé sur la constitutionnalité de l’interdiction de la prière publique, il a déclaré que le gouvernement « étudiait toutes les possibilités, y compris le recours à la clause dérogatoire », qui permet aux gouvernements de passer outre à certains articles de la Charte des droits et libertés.
Les images de musulmans priant à Montréal ont suscité la controverse ces derniers mois, notamment lorsqu’un groupe s’est rassemblé dans un parc de la ville pour célébrer l’Aïd al-Adha en juin dernier, incitant le maire de l’arrondissement à réfléchir à l’interdiction de tous les événements religieux dans les parcs publics.
Dans un communiqué, le Forum musulman canadien a déclaré que les commentaires de Legault suggèrent que certains politiciens considèrent les musulmans comme des citoyens de seconde zone.
«Ces propos s’ajoutent à une rhétorique politique qui cible injustement les Québécois, particulièrement ceux de confession musulmane, en se basant uniquement sur leurs origines», peut-on lire dans le communiqué.
Les commentaires de Legault surviennent alors que la province est aux prises avec une série de rapports sur des pratiques religieuses musulmanes apparaissant dans certaines écoles publiques de la province. Vendredi, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a déclaré que le gouvernement présenterait un nouveau projet de loi visant à renforcer la laïcité dans les écoles du Québec.
Cette annonce fait suite à un article paru vendredi dans La Presse qui documentait des élèves d’une école secondaire de Laval, au nord de Montréal, priant dans les salles de classe et les couloirs et perturbant une pièce de théâtre axée sur les infections sexuellement transmissibles et la prévention des grossesses. Drainville a déclaré aux journalistes à Québec que ce comportement ne représente pas « notre Québec » et est « complètement intolérable et inacceptable ».
«Ces actes à caractère religieux contreviennent clairement aux obligations de laïcité», a-t-il déclaré dans un communiqué sur les réseaux sociaux. «On peut facilement imaginer l’impact psychologique que certains de ces comportements ont pu avoir sur les élèves.»
Cette nouvelle est la dernière d’un nombre croissant d’incidents signalés dans les écoles du Québec impliquant des enseignants et des élèves musulmans. La vague d’allégations a été déclenchée par une enquête gouvernementale, rendue publique en octobre, qui a révélé un climat toxique dans une école primaire de Montréal.
Le rapport révèle qu’un groupe d’enseignants de l’école de Bedford, pour la plupart d’origine nord-africaine, a crié après et humilié les élèves. Certains enseignants ne croyaient pas aux troubles d’apprentissage et attribuaient les difficultés des élèves à la paresse. Des matières telles que la science et l’éducation sexuelle étaient soit ignorées, soit à peine enseignées, et les filles n’étaient pas autorisées à jouer au football. Depuis, onze enseignants ont été suspendus de l’école.
Le gouvernement enquête actuellement sur 17 écoles qui, selon lui, pourraient avoir enfreint la loi provinciale sur la laïcité. Le rapport sur ces écoles est attendu en janvier, mais Drainville dit pouvoir déjà confirmer que le gouvernement va agir.
Le Québec a utilisé la clause dérogatoire pour protéger sa loi controversée sur la laïcité, le projet de loi 21, des contestations constitutionnelles. Cette loi interdit à certains travailleurs du secteur public, notamment les enseignants et les policiers, de porter des symboles religieux au travail. Le gouvernement a également invoqué cette clause pour protéger sa loi linguistique controversée, le projet de loi 96.
Vendredi, Legault a déclaré que la protection de l’identité québécoise était l’une de ses principales priorités au cours de la dernière année et a réitéré ses affirmations selon lesquelles l’immigration temporaire menace la langue française à Montréal.
Il a également réitéré qu’il était « ouvert » à l’idée d’une constitution québécoise, à la suite d’une récente recommandation d’un comité chargé de trouver des moyens de renforcer l’autonomie du Québec. Il a déclaré qu’une constitution pourrait consacrer les valeurs du Québec, notamment la laïcité et l’égalité entre les hommes et les femmes.