Le Québec autorisera les demandes anticipées d’aide médicale à mourir dès le 30 octobre

Les Québécois qui souhaitent demander l’aide médicale à mourir avant que leur état ne les rende incapables de donner leur consentement pourront le faire à partir du mois prochain, a annoncé samedi la province, qui …

Le Québec autorisera les demandes anticipées d'aide médicale à mourir dès le 30 octobre

Les Québécois qui souhaitent demander l’aide médicale à mourir avant que leur état ne les rende incapables de donner leur consentement pourront le faire à partir du mois prochain, a annoncé samedi la province, qui a dévoilé les détails d’un plan visant à accéder à de telles demandes sans attendre qu’Ottawa mette à jour le code criminel du pays.

Le gouvernement du Québec a déclaré le mois dernier qu’il n’attendrait plus que le gouvernement fédéral mette en œuvre les modifications demandées et qu’il irait de l’avant avec son projet d’accorder l’aide médicale à mourir de façon anticipée. Samedi, la province a annoncé que ces demandes pourraient être accordées à compter du 30 octobre.

« La question des demandes anticipées d’aide médicale à mourir fait largement consensus au Québec », a indiqué le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, par communiqué.

La ministre des Aînés, Sonia Bélanger, a qualifié la province de chef de file dans le respect du « droit des patients à mourir dans la dignité ».

Le gouvernement a indiqué qu’il avait demandé au directeur des poursuites criminelles et pénales de respecter les conditions prévues dans la loi provinciale concernant les soins de fin de vie lorsqu’il s’agit de porter des accusations criminelles.

En réponse, le bureau du directeur a publié son propre communiqué immédiatement après le gouvernement, affirmant qu’il donnerait pour instruction aux procureurs criminels et pénaux qu’« il ne serait pas dans l’intérêt public » d’autoriser des poursuites pénales pour les décès survenus dans un contexte d’AMM tant que les soins sont prodigués conformément à la loi.

Le directeur Patrick Michel affirme que les procureurs n’interviendront que lorsqu’une enquête policière aura eu lieu ou qu’une plainte aura été déposée selon laquelle les souhaits d’une personne n’ont pas été respectés conformément à la loi, par exemple si une personne aurait été contrainte.

Lorsqu’on lui a demandé si le Québec agissait illégalement sans qu’Ottawa ne modifie le Code criminel, Michel a déclaré que les procureurs continueront d’appliquer la loi jusqu’à ce qu’Ottawa intervienne et prenne des mesures.

« Nous sommes un organisme d’application de la loi, nous devons donc tenir pour acquis que la loi provinciale est valide, et nous en tiendrons compte dans nos décisions », a déclaré M. Michel à La Presse Canadienne lors d’une entrevue.

« Le gouvernement fédéral devrait contester la légalité de la loi, puis convaincre un juge de suspendre l’application de la loi pendant que le tribunal statue sur la validité de la loi provinciale. Sinon, la loi est présumée valide jusqu’à ce qu’elle soit invalidée ou qu’un tribunal en suspende l’application », a-t-il déclaré.

Le Québec avait auparavant déclaré qu’il attendrait que le gouvernement fédéral modifie le Code criminel pour accorder les premières demandes afin de mieux protéger les travailleurs de la santé contre les accusations liées à la mise fin à la vie d’un patient, mais le mois dernier, il a annoncé qu’il n’attendrait pas plus longtemps.

Le Québec a adopté en juin 2023 une loi permettant aux personnes atteintes de maladies graves et incurables, comme la maladie d’Alzheimer, de demander l’AMM alors qu’elles sont en mesure de donner leur consentement, la procédure étant réalisée après que leur état se soit aggravé.

Sur X, le Collège des médecins du Québec a exprimé son soutien à la démarche du gouvernement du Québec et a critiqué Ottawa.

« Nous déplorons qu’Ottawa n’ait pas encore modifié le Code criminel pour autoriser cette procédure bien établie et qui fait consensus au Québec.

L’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec a également exprimé son approbation et a tourné son attention vers les législateurs fédéraux.

«Il reste encore plusieurs points à clarifier avant son entrée en vigueur. Nous comptons donc sur le gouvernement fédéral pour se joindre rapidement au large consensus québécois», a déclaré le président de l’Ordre, Luc Mathieu, dans un courriel envoyé à la Presse Canadienne.

Le Code criminel stipule que « immédiatement avant » qu’un professionnel de la santé administre une aide médicale à mourir, il doit « donner à la personne la possibilité de retirer sa demande et s’assurer qu’elle donne son consentement exprès à recevoir l’aide médicale à mourir ».

Il existe des exceptions, mais pour que l’exigence de consentement soit levée, une personne qui demande l’AMM doit remplir plusieurs critères, notamment celui d’avoir « conclu une entente écrite » précisant le jour où elle souhaite mourir.

En vertu de la loi québécoise, la demande anticipée d’un patient est faite avec l’aide d’un professionnel de la santé et doit décrire en détail les symptômes qui déclencheront l’aide médicale à mourir après qu’il aura perdu la capacité de consentir.

En février 2023, le comité mixte spécial du Parlement sur l’AMM a publié un rapport recommandant que le gouvernement fédéral modifie le Code criminel pour permettre les demandes anticipées à la suite d’un diagnostic d’un problème médical grave et incurable, ou d’un « trouble entraînant une incapacité ».