Le réalisateur accusé de viol et d’agression sur des acteurs dans le cinéma français

Paris, France – Un éminent réalisateur français a été inculpé de viol, d’agression sexuelle et de violences par un juge français enquêtant sur une affaire impliquant des actrices, a annoncé jeudi le parquet de Paris. …

Judith Godreche, center, poses with hands covering their mouth upon arrival at the premiere of the film 'Furiosa: A Mad Max Saga' at the 77th international film festival, Cannes, southern France, Wednesday, May 15, 2024.  (Photo by Andreea Alexandru/Invision/AP, File)

Paris, France –

Un éminent réalisateur français a été inculpé de viol, d’agression sexuelle et de violences par un juge français enquêtant sur une affaire impliquant des actrices, a annoncé jeudi le parquet de Paris.

Benoît Jacquot, qui compte plus de 50 réalisations au cinéma et à la télévision, est devenu l’une des figures les plus marquantes d’une prise de conscience tardive au sein de l’industrie cinématographique française et au-delà sur les violences sexuelles et les abus physiques.

L’actrice française Judith Godreche, qui accuse Jacquot de l’avoir violée et agressée physiquement au cours d’une relation de six ans qui a débuté quand elle avait 14 ans, a joué un rôle majeur dans le lancement de la vague #MeToo. Le mouvement a eu du mal à prendre de l’ampleur avant qu’elle ne s’exprime publiquement plus tôt cette année et encourage d’autres acteurs à le faire.

Le parquet de Paris a indiqué que le juge d’instruction chargé d’enquêter sur les allégations contre Jacquot formulées par l’actrice Isild Le Besco et un autre acteur dont l’Associated Press ne donne pas le nom lui a remis mercredi une série d’accusations préliminaires après son arrestation en début de semaine pour interrogatoire par la police. En France, de telles accusations sont déposées lorsqu’un magistrat a déterminé qu’il existe des preuves sérieuses et accumulées indiquant que des crimes ont pu être commis, ce qui permet de poursuivre l’enquête avant de décider d’engager des poursuites.

L’AP n’identifie généralement pas les victimes d’agression sexuelle. Le Besco, 41 ans, s’est déjà exprimée publiquement à la télévision française et dans d’autres médias ainsi que dans un livre sur sa relation avec le réalisateur qui a commencé quand elle était adolescente et qui a 35 ans de plus qu’elle.

Un communiqué du parquet indique que Jacquot a été inculpé pour le viol présumé de Le Besco alors qu’elle était mineure, sur une période de deux ans à partir de 1998. Jacquot a également été désigné comme témoin assisté, un statut spécial en vertu de la loi française, pour le viol présumé de Le Besco par un partenaire sur une période de 10 mois en 2007.

L’AP n’a pas pu confirmer que l’autre acteur cité par le parquet de Paris comme étant une autre victime présumée du viol de Jacquot consent à être identifié publiquement. L’avocate de l’acteur, Margot Pugliese, n’a pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires écrites et téléphoniques.

Le parquet a déclaré que Jacquot a été accusé d’avoir violé l’actrice pendant un an en 2013 alors qu’ils étaient en couple. Il a également été inculpé pour l’agression sexuelle présumée de l’actrice alors qu’ils étaient encore ensemble en 2018 et pour violences présumées à son encontre en 2018 et 2019.

Jacquot a également été cité comme témoin assisté pour le viol présumé de cet acteur par une compagne de 2014 à 2018, a précisé le parquet.

Le parquet a précisé que Jacquot sera maintenu en liberté dans l’attente d’une enquête plus approfondie, mais qu’il devra suivre un traitement psychologique. Il lui est également interdit de contacter ses victimes présumées et ses témoins. Il ne peut pas non plus travailler en tant que réalisateur ou à quelque titre que ce soit avec des mineurs. Il a également été condamné à verser une caution de 25 000 euros.

Le réalisateur de 77 ans a déjà nié les accusations portées contre lui. Dans un communiqué qui n’évoque pas directement les charges retenues contre lui, son avocate, Julia Minkowski, a déclaré que l’affaire avait souffert d’une surexposition médiatique et que le réalisateur n’avait pas eu accès aux preuves lors de son interrogatoire par la police, alors que la loi française le permet «en cas de violation flagrante de la présomption d’innocence».

«L’enquête est à un stade embryonnaire et il était particulièrement prématuré de la présenter devant un juge d’instruction», précise le communiqué du procureur.

Elle a dénoncé l’interdiction faite à Jacquot de travailler comme réalisateur, qui comprend également des restrictions sur ses apparitions publiques.

«Plus qu’une interdiction professionnelle, il s’agit d’une véritable mesure d’annulation judiciaire, fondée sur une enquête embryonnaire et avant tout jugement. Nous ferons évidemment appel», a-t-elle précisé.

Un autre réalisateur français, Jacques Doillon, 80 ans, a également été interpellé par la police mais a ensuite été libéré pour raisons médicales, a indiqué le parquet de Paris.

Godreche a accusé Doillon d’abus sexuels alors qu’il réalisait un film alors qu’elle avait 15 ans. Doillon a précédemment nié cette accusation.