La Société canadienne du cancer et d’autres défenseurs de la santé affirment qu’un règlement proposé qui pourrait obliger les compagnies de tabac à payer des milliards de dollars ne ferait pas grand-chose pour empêcher les générations futures de devenir dépendantes du tabac.
Un projet d’accord de 32,5 milliards de dollars déposé devant un tribunal de l’Ontario verrait trois sociétés — JTI-Macdonald Corp., Rothmans, Benson & Hedges et Imperial Tobacco Canada Ltd. — indemniser financièrement les provinces et les territoires ainsi que certains fumeurs et leurs familles. .
Rob Cunningham, analyste politique principal et avocat à la Société canadienne du cancer, affirme que même si le règlement constitue un premier pas dans la bonne direction, il ne parvient pas à soutenir les mesures de santé publique qui modifieraient le fait que le tabac est la principale cause de décès au Canada.
L’accord comprend 1 milliard de dollars pour la recherche sur les maladies liées au tabac, mais Cunningham affirme qu’il devrait être modifié pour tenir également compte des programmes de sensibilisation, d’éducation et de prévention communautaire – sinon, la limitation est « un cadeau » à l’industrie du tabac.
«Cela signifie qu’un grand nombre de personnes seront atteintes d’un cancer et d’autres maladies d’une manière totalement évitable», dit-il.
La présidente et directrice générale de la Lung Health Foundation, Jessica Buckley, a reconnu que l’accord proposé envoie le signal que les géants du tabac assument la responsabilité de décennies de dépendance.
«Mais la restitution financière ne peut pas compenser les pertes de vies. Elle ne peut pas compenser les expériences des Canadiens qui ont souffert du cancer du poumon et de la MPOC», a déclaré Buckley.
Buckley affirme que les près de 25 milliards de dollars qui seraient remis aux gouvernements provinciaux et territoriaux devraient être réinvestis dans la prévention du vapotage et du tabagisme, dans le soutien à ceux qui souhaitent arrêter de fumer et dans les initiatives en matière de santé mentale et de toxicomanie.
Jacob Shelley, codirecteur du laboratoire d’éthique, de droit et de politique de la santé à l’Université Western à London, en Ontario, se dit satisfait de voir les plaignants enfin obtenir une indemnisation après cinq ans de procédures judiciaires.
Shelley, qui suit de près le procès depuis des années, affirme qu’il s’agit « d’un moment et d’un succès significatif dans ce qui a été un espace très infructueux en termes de litige », mais l’indemnisation proposée aux fumeurs individuels et à leurs proches ne couvrira pas les coûts liés au cancer du poumon ou à l’emphysème.
«Il ne s’agit pas d’une victoire individuelle significative dans le sens d’un gros paiement, mais il est significatif qu’il y ait une opportunité de recouvrement sur cette réclamation qui a commencé il y a des décennies et qu’il y ait une reconnaissance et une imposition de responsabilité pour le manquement à ce règlement. avertir des risques liés à l’utilisation de ce produit», dit-il.
Action sur le tabagisme et la santé, Médecins pour un Canada sans fumée et la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac affirment que l’indemnisation des victimes est le « seul élément positif » de cet accord.
«Comment est-il possible que les gouvernements permettent à des entreprises qui ont sciemment causé la mort prématurée et les souffrances d’innombrables Canadiens et un lourd fardeau pour le système de santé, de s’en aller ?» disent les groupes de défense dans une déclaration commune.
Ils affirment que les gouvernements provinciaux ont permis à ces sociétés de continuer à causer du tort en réorientant leurs modèles commerciaux vers d’autres produits à base de nicotine, comme les cigarettes électroniques.
«Il est clair pour nous que les provinces ont oublié ou simplement rejeté leur responsabilité morale de protéger la santé et le bien-être des générations futures», indique le communiqué.
Le bureau du procureur général de l’Ontario affirme qu’il aura davantage à dire sur la redistribution des fonds si le règlement est approuvé et que le gouvernement provincial « s’engage à tenir les sociétés productrices de tabac responsables de leur rôle dans la crise de santé publique causée par les maladies liées au tabac ». «.
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