Les économistes et les observateurs du marché parient que la Banque du Canada procédera à une nouvelle baisse des taux d’intérêt cette semaine, dans un contexte de preuves de plus en plus nombreuses indiquant que l’inflation diminue de manière durable.
Les attentes selon lesquelles la banque abaissera son taux de prêt à un jour lorsqu’elle fera son annonce prévue mercredi sont élevées depuis la publication la semaine dernière du dernier rapport sur l’inflation de Statistique Canada, qui a montré que l’inflation annuelle s’est ralentie à 2,7 % en juin.
Le taux d’inflation était inférieur aux 2,8 % attendus par les marchés et a contribué à renforcer la confiance du marché quant au fait que la Banque du Canada pourrait être prête à procéder à une deuxième baisse de taux, en plus de la baisse de 25 points de base annoncée le mois dernier.
« Je pense qu’il est très probable que la Banque du Canada réduise à nouveau ses taux la semaine prochaine. D’un point de vue stratégique, cela n’aurait pas vraiment de sens de réduire les taux de seulement 25 points de base, puis de les laisser à ce niveau et de voir comment l’économie réagit, car cela n’entraînerait pas vraiment de changement important dans la trajectoire de l’économie ou de l’inflation », a déclaré Royce Mendes, directeur général et responsable de la stratégie macroéconomique chez Desjardins.
« Il a donc toujours été logique que la Banque du Canada procède au moins à deux baisses de taux d’affilée avant de marquer une pause. Et les données récentes viennent renforcer cette opinion. »
La baisse des taux d’intérêt du mois dernier, qui a ramené le taux directeur de la banque centrale de 5 à 4,75 %, était la première depuis plus de quatre ans.
En plus du dernier rapport sur l’inflation, a déclaré Mendes, les données récentes montrant une hausse du chômage ainsi que des attentes modérées en matière de croissance des entreprises canadiennes soutiennent toutes la perspective d’une nouvelle réduction.
Bien que l’inflation demeure supérieure à l’objectif de 2 % de la Banque du Canada, Mendes estime qu’un retard supplémentaire pourrait avoir des répercussions négatives.
« Les taux d’intérêt aux niveaux actuels sont en réalité très restrictifs. On le voit dans les tendances des dépenses de consommation. On le voit aussi sur le marché immobilier », a déclaré M. Mendes.
« Je dirais que si (la Banque du Canada) ne réduisait pas ses taux la semaine prochaine, cela signalerait une volonté beaucoup plus grande de faire basculer l’économie en récession, simplement pour faire baisser l’inflation de quelques dixièmes de point de pourcentage supplémentaires. »
Le dernier rapport de Statistique Canada sur les ventes au détail publié vendredi a montré que les Canadiens ont limité leurs dépenses en mai, les ventes au détail ayant chuté de 0,8 % à 66,1 milliards de dollars.
Les ventes ont été inférieures dans huit des neuf sous-secteurs suivis, a indiqué l’agence.
« Ce que la Banque du Canada tente de faire, c’est simplement de réduire le degré de restriction qu’elle impose à l’économie. Elle ne cherche pas à stimuler l’économie, elle essaie simplement de réduire le nombre de vents contraires qu’elle crée », a déclaré M. Mendes, ajoutant qu’une deuxième baisse des taux pourrait redonner aux consommateurs canadiens confiance pour dépenser à nouveau.
Les données les plus récentes sur le marché de l’emploi canadien montrent que l’économie a stagné en juin, perdant 1 400 emplois tandis que le taux de chômage a augmenté à 6,4 pour cent, contre 6,2 pour cent en mai.
Le résultat de juin est le taux de chômage le plus élevé depuis janvier 2022, une autre indication qui augmente les chances que la Banque du Canada abaisse ses taux cette semaine.
Mais alors que la plupart des observateurs du marché pensent qu’une baisse des taux d’intérêt interviendra cette semaine et sera suivie de baisses supplémentaires plus tard dans l’année, ce point de vue n’est pas unanime.
Clay Jarvis, expert en hypothèques et en immobilier pour NerdWallet Canada, a déclaré que la décision de cette semaine pourrait aller dans un sens ou dans l’autre.
« Compte tenu de la prudence de la banque, réduire le taux au jour le jour alors que l’inflation est encore largement supérieure à 2 % serait assez inhabituel », a déclaré Jarvis dans une note.
Si la baisse se produit, la réduction de 25 points de base des taux d’intérêt variables ne sera probablement pas suffisante pour bouleverser de manière significative le marché immobilier canadien, a ajouté M. Jarvis, alors que les acheteurs sont aux prises avec la perspective de mensualités hypothécaires plus élevées.
Un sondage mené par CPA Canada (une organisation qui représente les comptables professionnels) et BDO Debt Solutions, peu de temps après la baisse des taux d’intérêt en juin, a révélé que la moitié des Canadiens affirment que les hausses des taux d’intérêt ont eu un impact négatif sur leur endettement, et sept sur dix affirment que la baisse de juin n’a eu aucun impact sur leurs perspectives financières.
L’enquête révèle également que 52 % des personnes interrogées estiment que les baisses continues des taux d’intérêt ne suffiront pas à réduire la pression financière.