Les résidents d’Oka, au Québec, se préparent à prendre les choses en main pour tenter d’empêcher le déversement illégal de matières contaminées dans la communauté Kanien’kehá:ka (mohawk) de Kanesatake.
Dimanche, un poste de contrôle routier simulé a été mis en place dans le cadre d’un exercice de formation pour apprendre aux résidents activistes comment arrêter les camions lourds.
« On parlait de 200 ou 300 camions par jour en avril, qui venaient ici à Oka pour déverser des matières toxiques dans le lac », a déclaré Julie Trembley-Cloutier, militante de Reconcili-Action Oka/Kanesatake.
Environ 1 million de personnes dépendent du lac des Deux Montagnes pour leur eau potable, et de nombreux habitants de la région craignent qu’après des décennies de déversements illégaux, des contaminants ne s’infiltrent dans l’approvisionnement en eau.
« Nous avons besoin de plus de tests sur les eaux souterraines de la région, car il y a tellement d’années qu’il y a eu contamination du sol », a déclaré la directrice générale d’Eau Secour, Rebecca Petrin.
La semaine dernière, le Québec a annoncé un plan d’action qui comprend des amendes pouvant aller jusqu’à 6 millions de dollars pour les entreprises surprises à déverser des déchets toxiques, mais les gens de la région disent que jusqu’à ce qu’ils voient un réel changement, ils se préparent à prendre les choses en main.
« Nous voulons que les règles et les lois qui existent soient appliquées et respectées par notre propre gouvernement », a déclaré Philippe Duhamel, formateur en action non violente. « C’est donc une solution de dernier recours. Nous ne voulons pas le faire, mais nous le ferons si nous le devons. »
Dimanche, les militants ont suivi un cours accéléré sur la signalisation routière et les équipements du ministère des Transports et sur la manière de les utiliser lors d’un contrôle routier citoyen.
Ils font pression sur le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, pour qu’il agisse.
« On veut montrer à M. Bonnardel que s’il ne fait pas son travail, on le fera et on le fera de façon très professionnelle et de façon très sécuritaire », a déclaré Mme Trembley-Cloutier.
Les organisateurs affirment que le plan consiste à garer les véhicules lourds sur la route 344 sur le côté de la route, à inspecter leur manifeste et à prélever un échantillon de sol pour le tester.
Ils se préparent à différents scénarios, comme des conducteurs en colère, des conducteurs hostiles et des interventions policières.
« Nous voulons agir de façon sécuritaire, a déclaré M. Duhamel. Les gens qui vont mener ces actions sont très courageux, car nous savons que le crime organisé est derrière certaines de ces opérations, et nous voulons nous assurer de faire tout ce que nous pouvons pour éviter la violence. »
C’est en raison de la possibilité de violence que le maire d’Oka, Pascal Quévillon, a condamné l’action directe des citoyens et appelé plutôt au calme.
Les organisateurs affirment qu’ils n’ont pas prévu de véritables points de contrôle, mais qu’ils observeront la réponse du gouvernement au cours des prochaines semaines et décideront si d’autres mesures sont nécessaires.