OTTAWA –
Deux secteurs ont été responsables de la majorité des gains en capital des sociétés réalisés au Canada sur cinq ans, mais n’ont créé aucun nouvel emploi au cours de cette période, selon une nouvelle étude.
Le Centre for Future Work et l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques, deux groupes de réflexion sur les politiques progressistes, ont publié un rapport qui examine les entreprises et les particuliers qui réalisent des gains en capital au Canada.
Cette analyse fait suite à un débat houleux au pays concernant la décision des libéraux d’augmenter le taux d’inclusion des gains en capital, qui sont des bénéfices réalisés sur la vente d’actifs.
Les groupes d’affaires se sont farouchement opposés à cette augmentation, affirmant qu’elle constituerait une hausse d’impôt pour tous les Canadiens, directement ou indirectement, car elle nuirait à l’innovation et à l’investissement des entreprises.
Mais l’auteur du rapport, l’économiste Jim Stanford, affirme que son analyse suggère que le traitement fiscal favorable des gains en capital profite de manière disproportionnée aux riches et n’aide pas l’économie.
Selon ses conclusions, le secteur de l’intermédiation diverse, qui comprend les sociétés de capital-risque et les banques d’investissement, ainsi que le secteur immobilier, ont réalisé ensemble 52,6 % de tous les gains en capital des sociétés déclarés au Canada entre 2018 et 2022.
Dans le même temps, ces secteurs ont perdu près de 5 000 emplois au cours de cette période.
« Ces deux secteurs n’ont pas été pertinents pour la création d’emplois au Canada, et ils captent plus de la moitié de tous les gains en capital des entreprises », a déclaré Stanford dans une interview.
L’analyse est fondée sur les données de déclaration de revenus de l’Agence du revenu du Canada ainsi que sur les données de Statistique Canada.
Le rapport révèle également qu’il n’existe aucune corrélation historique entre les impôts sur les plus-values et les investissements des entreprises dans les machines, les équipements et la propriété intellectuelle.
Le 25 juin, les libéraux ont rendu les deux tiers des gains en capital imposables, au lieu de la moitié.
Pour les gains en capital des particuliers de 250 000 $ ou moins, le taux d’inclusion demeurerait le même, soit à 50 %.
Le premier ministre Justin Trudeau a défendu cette augmentation, affirmant qu’elle rend le système fiscal plus équitable en supprimant une partie des avantages fiscaux dont bénéficient les particuliers les plus riches possédant d’importants portefeuilles d’investissement.
Les libéraux affirment que l’augmentation des impôts aidera le gouvernement à financer les priorités qui comptent pour les jeunes, comme le logement.
Le chef conservateur Pierre Poilievre a qualifié ces changements d’augmentation d’impôts destructrice d’emplois. Selon lui, une augmentation des impôts sur les gains en capital porterait préjudice aux entreprises et entraînerait par conséquent une diminution des emplois.
L’analyse de Stanford ne porte pas sur les changements apportés par le gouvernement en particulier, mais il affirme que les données montrent clairement que jusqu’à présent, ce sont les Canadiens les plus riches qui ont le plus bénéficié du traitement fiscal préférentiel des gains en capital.
Le rapport indique que les Canadiens dont le revenu annuel est supérieur à 250 000 $, soit 1,5 % des déclarants, ont réalisé 61 % des gains en capital individuels en 2021.
Selon Stanford, les salariés à revenus élevés sont non seulement plus susceptibles de déclarer des gains en capital, mais ils bénéficient également davantage que les salariés à faibles revenus du traitement fiscal favorable, car ils bénéficient d’un taux d’imposition marginal plus élevé.
« Une personne riche économise plus de 50 cents sur chaque dollar de gains en capital, alors qu’une personne au bas de l’échelle pourrait économiser 15 cents pour chaque dollar de gains en capital. Il s’agit donc d’une sorte de double impact sur les inégalités », a-t-il déclaré.