Les visiteurs au Canada ne peuvent plus demander de permis de travail depuis l’intérieur du pays, a annoncé mercredi Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), mettant fin prématurément à un programme de l’ère de la pandémie qui a temporairement élargi l’accès à l’immigration.
Cette décision intervient dans le cadre des efforts visant à « recalibrer le nombre de résidents temporaires au Canada et à préserver l’intégrité du système d’immigration », peut-on lire dans un communiqué du ministère.
« IRCC est également conscient que certains acteurs malveillants ont utilisé la politique pour tromper des ressortissants étrangers afin qu’ils travaillent au Canada sans autorisation », poursuit-il.
La politique d’accès élargi a été introduite il y a quatre ans ce mois-ci, conçue pour répondre aux défis logistiques posés par la pandémie de COVID-19 et les restrictions de voyage connexes en permettant aux visiteurs et aux travailleurs étrangers temporaires (TET) de demander et de renouveler leurs permis sans quitter le pays.
La politique permettait également aux personnes ayant récemment obtenu un permis de travail et ayant changé leur statut d’immigration pour celui de « visiteur » de postuler pour travailler en attendant une décision concernant un nouveau permis de travail. Le programme, qui devait initialement expirer à la fin de février 2025, a été abandonné prématurément par IRCC.
« La COVID a été une période extraordinaire et des politiques exceptionnelles ont été mises en place pour répondre à ces circonstances qui ne se produisent qu’une fois par siècle », a déclaré la vice-première ministre Chrystia Freeland lors d’une conférence de presse sans rapport jeudi.
« Mais aujourd’hui, ce n’est plus le cas. »
Les taux d’immigration suscitent de vives critiques
Ces dernières années, l’immigration est devenue l’un des enjeux politiques les plus controversés au pays, dans un contexte de croissance du nombre de résidents non permanents, d’étudiants internationaux et de travailleurs étrangers temporaires – des tendances qui, selon les critiques, ont mis à rude épreuve les infrastructures du Canada.
« Nous devons avoir une croissance démographique plus faible, cela ne fait aucun doute », a déclaré le chef conservateur fédéral Pierre Poilievre lors d’une conférence de presse jeudi.
« Nous avions un consensus multigénérationnel en matière d’immigration depuis des décennies, littéralement, avant l’arrivée de Trudeau. Nous avons fait venir des citoyens travailleurs et respectueux des lois en nombre tel que notre marché du logement, notre marché du travail et notre système de santé pouvaient les absorber. »
S’adressant aux médias lors d’une réunion du cabinet lundi, le premier ministre Justin Trudeau a déclaré qu’à la suite de la pandémie, le Canada « n’a plus besoin d’autant de travailleurs étrangers temporaires ».
« Ce n’est pas juste pour les Canadiens qui ont du mal à trouver un bon emploi, et ce n’est pas juste pour les travailleurs étrangers temporaires. »
Jeudi, Freeland a fait écho aux sentiments de Trudeau, affirmant son soutien aux mesures de réduction récemment annoncées de l’immigration non permanente, notamment l’arrêt des demandes de travailleurs étrangers temporaires lorsque le chômage est supérieur à 6 % et le plafonnement de la proportion de travailleurs étrangers temporaires dans un lieu de travail donné à 10 %.
« Si vous, en tant qu’entreprise, pensez avoir besoin de plus, nous avons de réelles inquiétudes concernant votre modèle économique », a déclaré Freeland.
En juin, le taux de chômage au Canada s’établissait à 6,4 %.
Le vice-premier ministre, qui est également ministre des Finances des libéraux de Trudeau, a évité d’énoncer de nouveaux engagements politiques, mais a souligné l’importance d’équilibrer l’ouverture du Canada à l’immigration avec les réalités économiques du moment.
« Nous accueillons les nouveaux Canadiens avec plaisir, c’est une bonne chose », a-t-elle déclaré. « Mais nous devons veiller à ne pas commettre d’abus… à ne pas fonder nos modèles d’affaires sur des travailleurs étrangers temporaires à bas salaires, parfois exploités. »
Avec des documents de La Presse Canadienne