Au milieu de vives critiques de tous les partis, un député de l’opposition à l’Assemblée législative provinciale n’a pas reculé vendredi devant des commentaires que ses collègues législateurs qualifient de racistes.
Haroun Bouazzi de Québec solidaire a été critiqué cette semaine pour un discours prononcé récemment devant la Fondation Club Avenir, un groupe communautaire qui œuvre auprès des immigrants.
« Dieu sait que je vois ça tous les jours à l’Assemblée nationale, la construction de cet autre, cet autre qui est maghrébin, qui est musulman, qui est noir, qui est autochtone, et dont la culture, par définition, serait dangereuse ou inférieure. », a déclaré Bouazzi à la foule.
D’autres partis politiques ont déclaré que les propos de Bouazzi revenaient à qualifier de racistes les membres de l’Assemblée nationale, et des appels ont été lancés pour qu’il soit sanctionné.
La controverse n’a montré aucun signe de s’apaiser vendredi alors que Bouazzi est apparu à l’émission matinale de Radio-Canada. Il est resté sans excuse et a déclaré qu’il n’avait jamais qualifié personne de raciste.
Mais il a pointé du doigt les membres de la Coalition Avenir Québec au pouvoir et du Parti Québécois d’opposition, qui, selon lui, accusent l’immigration d’être responsable des maux sociaux.
Il a cité en exemple le ministre des Services sociaux, Lionel Carmant, et le ministre de la Santé, Christian Dubé, qui, selon lui, ont eu recours à la responsabilité des « autres » lorsqu’il s’agissait respectivement de problèmes de protection de la jeunesse et de délais d’attente en chirurgie. Il a également critiqué le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon, qui, selon lui, avait déclaré qu’un troisième référendum sur la souveraineté était nécessaire pour garantir que les Québécois ne disparaissent pas.
En réaction aux derniers commentaires, Dubé a déclaré qu’il n’avait jamais dit que les listes d’attente pour les chirurgies étaient la faute des immigrants. «Je n’ai jamais fait une telle déclaration. C’est totalement inacceptable de laisser entendre le contraire», a écrit Dubé sur X. «M. Bouazzi recherche des coupables pour les propos regrettables qu’il a tenus, il doit se rétracter.»
Carmant a appelé les dirigeants de Québec solidaire à agir. «Je n’accepterai jamais qu’on m’accuse d’attiser le racisme», a écrit Carmant sur X. «Je suis un fier Québécois d’origine haïtienne.»
Le leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, a déclaré vendredi que non seulement Bouazzi avait refusé de s’excuser, mais qu’il avait «attaqué gratuitement» plusieurs de ses collègues. Et le leader parlementaire du PQ, Pascal Bérubé, a appelé Québec solidaire à agir contre Bouazzi, soulignant que l’intégrité de l’Assemblée nationale était en jeu.
Les co-porte-parole du parti de gauche de Bouazzi ont déclaré avoir parlé à Bouazzi jeudi.
«Nous lui avons dit que ses propos étaient franchement maladroits et exagérés», a déclaré le co-porte-parole Ruba Ghazal. «Aucun élu de Québec solidaire ne pense que les Québécois (députés) sont racistes.»
Dans son propre message sur les réseaux sociaux, Bouazzi a expliqué jeudi qu’il tentait d’exprimer son inquiétude face au discours quotidien à l’Assemblée nationale, qui, selon lui, semble pointer du doigt les immigrants et les nouveaux arrivants comme étant la source de nombreux problèmes du Québec.
«Soyons clairs : je n’ai jamais dit que les élus à l’Assemblée nationale étaient racistes», a écrit Bouazzi. «Je regrette que mes collègues l’aient interprété de cette façon.»
Il a ajouté: «Ce que j’ai exprimé, c’est mon inquiétude face aux discours quotidiens qui pointent du doigt les immigrants comme la source d’une grande partie des problèmes du Québec. C’était le sens de mes propos.»
Bouazzi a suscité des applaudissements lors de son discours ce mois-ci devant la Fondation Club Avenir, qui aide les immigrants maghrébins à s’intégrer à la société québécoise. Mais jeudi, la fondation a condamné les propos de Bouazzi, ajoutant qu’il s’agissait d’une organisation «apolitique» et que tout homme politique venant s’exprimer devait se concentrer sur des «discours cohérents et inclusifs».
— Avec les dossiers de Patrice Bergeron et Thomas Laberge à Québec.