À 68 ans, Myles Charon ne s’attendait pas à devenir soignant à temps plein. Il y a quelques années encore, sa mère, âgée de 92 ans, vivait seule, mais elle s’est ensuite retrouvée à l’hôpital.
«Et après un mois, l’hôpital l’a libérée, mais avec les instructions, elle ne peut pas rentrer chez elle ni vivre seule», a-t-il déclaré.
Alors lui et sa femme ont fait de la place dans leur maison. Charon a été mis en relation avec le CLSC local et un travailleur social pour l’aider à équiper la chambre d’un lit d’hôpital, d’une commode et d’autres accessoires.
Il a déclaré que le gouvernement finançait quatre visites par jour pour sa mère afin qu’elle puisse être lavée et changée.
Mais Charon a déclaré qu’au cours des dernières semaines, le nombre de visites et leur durée avaient changé. Selon lui, c’est parce que le CLSC de Pierrefonds ne fait plus appel à des agences privées et qu’il n’a pas suffisamment de personnel pour répondre aux besoins.
«Chaque jour, c’est comme lancer un dé, j’appelle ça la roulette PAB», a-t-il déclaré, ajoutant qu’il y avait une incohérence dans la prise en charge de sa mère.
La Régie de la santé de l’Ouest-de-l’Île a déclaré qu’elle ne pouvait pas commenter des cas spécifiques, mais a déclaré à CTV News qu’elle donne la priorité au recours à des équipes de soins de santé internes plutôt qu’à des agences privées.
Dans le cadre d’une directive provinciale, le recours à la main-d’œuvre indépendante (MOI) sera progressivement éliminé d’ici mars 2025.
Annie Carrier, qui enseigne à l’Université de Sherbrooke et fait des recherches sur les soins à domicile, dit qu’il s’agit d’une bombe à retardement.
«Ce que nous constatons, c’est le vieillissement de la population. De plus en plus de personnes ont besoin de services», a-t-elle déclaré.
Carrier a ajouté que le problème n’est pas nouveau et que les gouvernements sous-financent les soins à domicile depuis des décennies. Alors que le secteur de la santé fait face à une pénurie de main-d’œuvre, le problème réside selon elle dans la centralisation des services.
Elle a déclaré que le ministre de la Santé, Christian Dubé, avait indiqué qu’il souhaitait donner la priorité aux soins à domicile, mais qu’avec la création d’agences comme Santé Québec, on ne sait pas exactement à quoi cela ressemblera.
En attendant, les soignants comme Charon vont devoir prendre le relais.
Il a dit qu’il essayait de planifier des vacances, mais que les dépenses liées à l’embauche de soins de santé à plein temps pour sa mère pendant plusieurs semaines sont trop élevées.
On lui a également dit qu’il devra prendre en charge tous les soins de sa mère pour Thanksgiving en raison du manque de personnel.
«J’ai encore besoin d’aide. S’ils continuent de supprimer mes services parce qu’ils pensent que j’en suis capable, je vais tout simplement m’épuiser.»