Un rapport révèle une discrimination généralisée au plus haut niveau de la fonction publique canadienne

Un groupe d’organisations de défense des droits des travailleurs demande le renvoi des hauts dirigeants de la fonction publique fédérale, après qu’un audit interne a révélé une culture de travail de stéréotypes raciaux, de micro-agressions …

Un rapport révèle une discrimination généralisée au plus haut niveau de la fonction publique canadienne

Un groupe d’organisations de défense des droits des travailleurs demande le renvoi des hauts dirigeants de la fonction publique fédérale, après qu’un audit interne a révélé une culture de travail de stéréotypes raciaux, de micro-agressions et de violence verbale au sein du Bureau du Conseil privé (BCP).

La Coalition contre la discrimination en milieu de travail, composée de plusieurs autres groupes représentant les fonctionnaires, dont le Black Class Action Secretariat et l’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC), a publié lundi un rapport interne du BCP, qu’elle avait obtenu grâce à une demande d’accès à l’information.

L’audit et le rapport subséquent ont été achevés il y a plus d’un an, selon la coalition de fonctionnaires, et montrent ce que la coalition qualifie d’une culture de discrimination enracinée et systémique, où les employés noirs, autochtones et racialisés sont souvent embauchés pour gonfler les chiffres de la diversité, mais découragés de s’exprimer et empêchés d’avancement de carrière.

Le rapport révèle que ce type de comportement discriminatoire est « régulièrement pratiqué et normalisé, y compris au niveau de la direction », que la culture du BCP décourage le signalement de tels incidents et que les mécanismes de responsabilisation sont « actuellement inexistants ».

Des dizaines de recommandations énumérées dans le rapport n’ont pas été mises en œuvre, mais comprennent des éléments visant à « élaborer et mettre en œuvre une perspective centrée sur les Noirs, avec les meilleures pratiques, au sein du BCP », créer un secrétariat de lutte contre le racisme ou un poste de responsable de la diversité, établir des lignes directrices claires à l’échelle du ministère et améliorer la collecte de données pour suivre les progrès.

Le BCP est l’organisme bureaucratique le plus élevé au Canada et est responsable de 137 ministères, représentant environ 270 000 fonctionnaires fédéraux.

« Nous sommes particulièrement préoccupés par l’absence de mesures de responsabilisation à l’encontre des dirigeants qui étaient à la barre », a déclaré Nicholas Marcus Thompson, président du Black Class Action Secretariat, lors d’une conférence de presse sur la Colline du Parlement lundi.

« En fin de compte, nous assistons à un scénario dans lequel ceux qui ont commis des actes de violence sont désormais chargés de mettre en œuvre les solutions », a-t-il ajouté.

Le rapport montre que les employés noirs et racialisés se méfient du BCP et décrit une organisation qui se concentre sur « l’auto-préservation — et même la malhonnêteté — au détriment de l’authenticité ».

Interrogée sur le rapport lors d’une conférence de presse à Toronto lundi, la vice-première ministre Chrystia Freeland a déclaré : « Le racisme et la discrimination ne sont jamais acceptables. »

« Ce n’est acceptable nulle part au Canada, et encore moins au sein de notre gouvernement », a-t-elle ajouté.

CTV News a contacté le PCO pour obtenir des commentaires sur le rapport, mais n’a pas encore reçu de réponse.

Sharon DeSousa, présidente nationale de l’AFPC, a déclaré que le rapport montre clairement que les employés noirs, autochtones et racialisés vivent des « réalités distinctes et inégales » dans la fonction publique fédérale.

« (Ils) n’ont pas les mêmes opportunités d’avancement professionnel, sont piégés dans une porte tournante de symbolisme et sont amenés à occuper des postes temporaires pour donner l’apparence d’une équité raciale, puis partent sans opportunités significatives d’avancement », a déclaré DeSousa.

L’audit du BCP, mené par Rachel Zellars, professeure au département de justice sociale de l’Université Saint Mary’s, se concentre sur les résultats d’une « initiative d’espace sûr » du BCP.

Sur les 1 200 employés du Bureau du Conseil privé, Zellars n’a eu accès qu’à 58 membres du personnel à interviewer dans le cadre de l’audit, et seulement 13 étaient racialisés.

Dans le rapport de Zellars, publié par la Coalition contre la discrimination au travail, elle a noté que peu d’employés racialisés travaillaient au PCO pendant plus d’un an, et la plupart n’y travaillaient que quelques mois.

Le professeur a également noté que même si les données du BCP indiquent que la représentation des Noirs a augmenté de mars 2019 à mars 2022, passant de 22 employés à 38 — soit environ 3,9 % du personnel total, un ratio supérieur à celui de la fonction publique dans son ensemble — les données sont « largement symboliques, car elles ne révèlent rien sur le niveau d’emploi, la durée du mandat ou l’expérience des employés ».

La lenteur des progrès incite l’Association canadienne des employés professionnels (ACEP) à demander la démission de hauts dirigeants du gouvernement, dont Nathalie Drouin, greffière adjointe du BCP, responsable du dossier de discrimination fédérale depuis 2021, et Mathew Shea, secrétaire adjoint du Cabinet.

« Nous sommes scandalisés que de telles pratiques discriminatoires puissent exister. Il est clair que des changements structurels importants sont nécessaires pour créer un milieu de travail juste et équitable », a déclaré le président de l’ACEP, Nathan Prier.

Les membres de la coalition affirment qu’ils croient qu’il existe une volonté politique de lutter contre le racisme au sein du gouvernement fédéral, mais que des barrières systémiques au sein de la bureaucratie entravent les changements nécessaires.

« Le rapport identifie les services aux entreprises comme un obstacle important à la lutte contre la discrimination. Comment les mêmes dirigeants qui ont présidé à ce préjudice peuvent-ils être responsables des solutions ? », demande Thompson, qui affirme que les dirigeants des services publics doivent être tenus responsables du « statu quo » et du fait de laisser la discrimination se poursuivre sans contrôle.