*ATTENTION : cette histoire contient des descriptions de maltraitance d’enfants qui peuvent être troublantes pour certains lecteurs.*
L’Hôpital général juif de Montréal est au cœur d’un recours collectif concernant des abus sexuels qui auraient été commis contre des enfants par deux anciens travailleurs sociaux à l’emploi de son département de pédopsychiatrie, Gino Londei et Steve Trowbridge.
La réclamation, lancée par le cabinet d’avocats Trudel Johnston et Lespérance, a été déposée jeudi en Cour supérieure par la victime présumée, identifiée par les initiales CK, qui était un garçon de 6 ans au moment de son admission au service de pédopsychiatrie. en 1981.
L’enfant a fréquenté la clinique de jour du département pendant environ deux ans, où il affirme avoir été agressé sexuellement à plusieurs reprises.
Il demande au tribunal l’autorisation de représenter toutes les personnes agressées sexuellement par les deux travailleurs sociaux, alléguant que les hommes «ont utilisé le pouvoir et l’autorité que leur confèrent leur statut et leur rôle de pédiatres pour commettre ces actes odieux».
« Le nombre de victimes est incertain à ce stade-ci, a expliqué l’avocate Jessica Lelièvre en entrevue avec La Presse Canadienne. Il y a plusieurs centaines d’enfants qui ont fréquenté le département de pédopsychiatrie. Nous sommes certains que de nombreuses autres victimes se joindront au recours collectif. »
« Les enfants les plus vulnérables »
Dans sa requête, CK accuse les deux hommes d’avoir choisi leurs victimes « parmi les enfants les plus vulnérables placés sous leur tutelle » et d’avoir « utilisé le pouvoir que leur confère leur statut pour susciter la peur chez leurs victimes, les empêchant ainsi de dénoncer les abus.»
Dans sa plainte contre le CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal, qui supervise l’Hôpital général juif, CK raconte comment Trowbridge l’a emmené dans une pièce contenant des jouets et lui a dit qu’il pouvoir obtenir une balle à condition que l’enfant lui caresse les parties génitales.
Quant à Londei, il aurait enfermé CK dans une « salle de mise au coin » à plusieurs reprises et se serait livré à des abus sexuels. Dans un cas, il aurait frappé violemment l’enfant, l’aurait poussé par terre, lui aurait enlevé son pantalon et l’aurait sodomisé, une expérience dont CK dit se souvenir encore aujourd’hui comme étant douloureuse, effrayante et incapable d’appeler à l’aide.
Ses sous-vêtements étaient tachés de sang.
Selon lui, les deux hommes l’auraient maltraité à plusieurs reprises.
Bien que CK ne se souvienne pas d’avoir été témoin d’abus sur d’autres enfants, il se souvient avoir vu Trowbridge et Lundei emmener des enfants dans la salle de mise au coin à plusieurs reprises.
Lelièvre n’a pu à ce stade donner aucune information sur le sort des deux anciennes assistantes sociales, disant espérer en savoir plus au fur et à mesure de l’avancement de la procédure.
Des conséquences dramatiques
CK dit qu’il souffre depuis d’anxiété, de dépression, de perte de confiance envers toute personne en position d’autorité et d’alcoolisme. Il a du mal à construire des relations durables et craint les espaces fermés. Il dit ressentir des symptômes s’apparentant à un trouble de stress post-traumatique, notamment des flashbacks sur les agressions qu’il a subies.
Il réclame des dommages-intérêts non pécuniaires de 250 000 $ pour chaque victime identifiée. Il réclame également des dommages-intérêts pécuniaires et des dommages-intérêts punitifs d’un montant à déterminer pour chaque victime.