Critiques de trois nouveaux livres de poètes du Vermont

Les poèmes ne sont faits que de mots, mais une poésie puissante et captivante peut transcender le langage écrit. Trois nouveaux livres de poètes du Vermont créent une intensité verbale et émotionnelle sur la page …

Critiques de trois nouveaux livres de poètes du Vermont

Les poèmes ne sont faits que de mots, mais une poésie puissante et captivante peut transcender le langage écrit. Trois nouveaux livres de poètes du Vermont créent une intensité verbale et émotionnelle sur la page par des moyens très différents.

Kellam Ayres Le poète de Middlebury privilégie l’attrait du récit, en adaptant les techniques de la fiction en prose dans des poèmes qui offrent des épisodes comprimés, souvent chargés d’érotisme et de suspense, teintés de violence et de remords. Marie Elder JacobsenLes poèmes de sont d’une splendeur sonore, utilisant le son pour évoquer un univers sensoriel à une échelle intime. Et les poèmes de Alison Prine de Burlington pivote sur l’axe du moment présent pour regarder en arrière dans la mémoire et en avant dans un avenir fugitivement imaginable.

Dans la cathédrale de ma perte, Kellam Ayres

Dans la cathédrale de ma perte par Kellam Ayres, Gunpowder Press, 80 pages. 18 $. - AVEC L'AIMABLE AUTORISATION

Les poèmes narratifs d’Ayres placent le lecteur au cœur d’une communauté humaine rurale, qui est un paysage densément boisé où abondent les animaux. Des hommes fascinants mais évasifs partagent le lieu qu’elle dépeint avec des créatures évoquées avec précision, aperçues vivantes ou trouvées écrasées sur la route. Elle écrit avec précision sur les serpents, une chèvre dépenaillée, un lynx roux, un cerf qui a failli entrer en collision avec une voiture et un chien écrasé qui l’a fait. Beaucoup de ses poèmes les plus saisissants décrivent la boussole étroite des amants clandestins, où le danger est proche.

Dans la cathédrale de ma perte est le premier livre d’Ayres, réalisé avec le soutien du Vermont Arts Council et du Vermont Studio Center. Elle est diplômée de la Middlebury Bread Loaf School of English et du programme MFA du Warren Wilson College, et elle travaille à la bibliothèque du Middlebury College.

Ses poèmes mettent en scène le pari vertigineux d’être un corps aux côtés d’autres corps – exaltation, puis sentiments mitigés. Le titre du livre vient de la fin d’un poème sur une rencontre de jeunesse, passionnante mais regrettable rétrospectivement : « Je me suis éloignée à vélo / du vieux moulin, la première / cathédrale de ma perte. »

Dans un plan-séquence caractéristique et vibrant, Ayres fait défiler des phrases étirées à travers les cadres cinématographiques de ses vers :

Derniers réunis derrière son hangar à bois,
s’embrassant contre les bardeaux usés
jusqu’à ce que sa petite amie nous retrouve, agrippée

une fourche comme pour nous faire sortir de quelque
une ville d’autrefois. Nous l’avions mérité,
depuis la foire du comté, nous nous sommes rencontrés

au salon des produits laitiers, puis frotté contre
l’un l’autre dans l’étable à bœufs près de ces deux-
des bêtes de mille livres qui déféquaient partout.

Le livre d’Ayres est divisé en trois parties, commençant par une vision omnisciente de la vie dans une petite ville — « sexe au téléphone entre voisins », couples en colère se battant dans la rue sous la fenêtre d’un appartement, infidélités observées ou commises. Le groupe de poèmes du milieu est une série de scénarios de transe, nerveux et troublants, particuliers dans leurs détails mais étranges, comme peuvent l’être les rêves : « Je pourrais marcher dans un mur sans m’en rendre compte, / je pourrais marcher dans la circulation — / pourtant, j’appellerais cela du plaisir. »

La dernière partie du livre développe le thème de la physicalité furtive et hypnotique, mais ces poèmes semblent moins connectés les uns aux autres. Il est difficile de savoir si le « je » du troisième groupe d’Ayres est censé représenter un narrateur unique ou une personnalité flexible (et fictive), représentant différentes personnes. (Une seule personne aurait-elle pu avoir autant de mésaventures amoureuses ?)

L’atmosphère qui règne dans les poèmes d’Ayres est élégiaque — le côté poignant de survivre à l’extase et de finir, comme elle l’écrit, « plus la même » et « plus amoureuse ».

Traquet motteux, Marie Elder Jacobsen

Stonechat de Mary Elder Jacobsen, Rootstock Publishing, 96 pages. 16,95 $. - AVEC L'AIMABLE AUTORISATION

Jacobsen travaille comme rédactrice indépendante et coordonne la série annuelle de lectures d’automne Words Out Loud qui se tient en septembre au Kents Corner State Historic Site à Calais. Son premier recueil accueille ses lecteurs avec une lucidité confiante, des images brillamment articulées et des rythmes dynamiques.

Voici une poétesse qui se complaît dans les opportunités formelles ; elle choisit ou conçoit des formes qui ne contraignent pas mais canalisent l’élan de longues phrases rythmées. L’un de ses poèmes a la forme d’un sablier, et beaucoup ont des schémas de rimes subtils. «Diptych: Boathouse in Autumn Rain» est bidirectionnel, comme un palindrome, atteignant un point médian puis revenant sur lui-même jusqu’au début, chaque ligne étant répétée dans l’ordre inverse.

Dans ce segment de son poème « Apiculture », écoutez les sons zzz sonores :

Autrefois, nous élevions des abeilles dans des ruches.

ou, ils gardé nousnous a gardés fascinés,

nous a gardés ivres de pissenlits,

étourdi et étourdi au bord des routes,

nous a gardés envoûtés dans les champs

saupoudré de pollen, tout en bourdonnement,

Sa convivialité avec les sons des mots complète une chaleureuse familiarité dans l’imagerie. Par exemple, « Sponge Bath » est une berceuse doublée, un poème en deux parties qui utilise presque les mêmes mots deux fois. La première partie s’adresse à un bébé, la seconde à un parent âgé.

Elle est parfaitement à l’aise au milieu des balais et des pelles à neige, ou en train de compter les boutons pour les devoirs d’un enfant de maternelle. À travers le refrain et la répétition, Jacobsen se délecte du quotidien de tâches délicieusement ordinaires.

La perte et son antonyme, Alison Prine

La perte et son antonyme par Alison Prine, Headmistress Press, 106 pages. 15 $. - AVEC L'AIMABLE AUTORISATION

Le titre du deuxième recueil de poésie de Prine est empreint d’une tendre érudition, suggérant que le contenu pourrait offrir une alternative au chagrin. Mais comme dans son premier livre, AcierFinaliste du Vermont Book Award 2017, nombre de ses nouveaux poèmes évoquent des pertes catastrophiques : la mort d’une mère dans un accident de voiture auquel le narrateur des poèmes a survécu, et la mort par suicide d’un frère ou d’une sœur.

Quel pourrait être le contraire de pertes aussi lourdes ? Une réponse possible est une certaine forme d’abondance, que Prine évoque sans extravagance ni raffinement, mais avec des lignes qui dégagent une lueur discrètement évanescente.

Travailleur social clinicien de jour, Prine était l’un des cinq poètes du Vermont présentés cet été dans la série « Words in the Woods » de Vermont Humanities. Sept jours La critique Rachel Elizabeth Jones a écrit à propos du livre précédent de Prine qu’il est « presque trop puissant pour être lu d’une seule traite », mais les poèmes de Perte et son antonyme Ils glissent d’une pièce à l’autre de manière si captivante que le lecteur n’a pas pu résister à leur rythme.

Les poèmes individuels, aussi forts soient-ils, semblent indissociables de l’ensemble. Et l’écriture se déplace par gestes rapides, jaillissant comme un relais à travers l’espace blanc :

une allumette tombée dans la prairie
une empreinte de griffe de moineau dans la terre

juste assez d’eau pour siroter
de deux mains jointes

une petite ombre quand le soleil
commence à hurler

Avec des lignes épurées mais résonnantes, Prine montre comment des instants individuels peuvent être rassemblés pour restituer une large bande de conscience. Dans un poème lyrique, le temps peut bondir ou s’arrêter, comme dans ce passage de « Pick Any Hour » :

Je peux dire à ce moment-là
ou à tout moment
J’aime tes mains
déplacer l’air pendant que vous parlez
tes mains sont une rivière, une corde

des jours et des jours et des jours
glisse derrière nous
verres cassés dans l’évier
ampoules brûlées, semelles
de nos chaussures usées
la lame rouillée de notre pelle

ta voix lisant à haute voix
les mots sont partis, le livre
mais pas tes mains

On nous dit souvent d’envisager l’avenir avec espoir, mais l’avenir peut aussi être un royaume de chagrin durable : « Je n’ai connu que demain / pour ce qui n’existera pas », comme l’écrit Prine dans « Harbor ». Son nouveau livre refuse la consolation fragile, et elle sait quand mettre un terme à un poème, ou faire une pause, sûre de ce qui sera suffisant.