La CAQ défend son classement des citoyens selon leurs opinions politiques

Les élus de la Coalition avenir Québec (CAQ) nient tenir des registres des citoyens qui se présentent à leurs bureaux en fonction de leurs opinions politiques. Un rapport d’enquête du commissaire à l’éthique et à …

La CAQ défend son classement des citoyens selon leurs opinions politiques

Les élus de la Coalition avenir Québec (CAQ) nient tenir des registres des citoyens qui se présentent à leurs bureaux en fonction de leurs opinions politiques.

Un rapport d’enquête du commissaire à l’éthique et à l’éthique de l’Assemblée nationale révèle mercredi que des employés des bureaux de circonscription et des représentants de la CAQ ont croisé les données de la liste électorale afin de déterminer l’opinion de chacun en amont de la prochaine campagne.

Jeudi matin, l’Assemblée nationale a réprimandé à l’unanimité Sylvain Lévesque, le député faisant l’objet d’une enquête de la commissaire Ariane Mignolet, avec une abstention.

Le caucus caquiste a toutefois décidé de ne pas l’exclure. Le député a été contraint de démissionner mercredi de son poste de vice-président de l’Assemblée et les élus ont entériné jeudi la nomination de Sylvie d’Amour pour le remplacer.

«Un très bel outil»

L’opposition a vertement dénoncé les pratiques de classement de la CAQ, mais le parti défend l’utilisation de son outil électoral, Coaliste, dans les bureaux de circonscription.

Plusieurs élus caquistes ont été prompts à répondre ou évasifs lorsqu’on les a interrogés sur l’utilisation de Coaliste dans leurs bureaux, mais le leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, a défendu son parti.

«Les citoyens ne sont pas identifiés en fonction de leur appartenance politique ; ils sont traités en fonction de leurs problèmes», a-t-il déclaré.

Le Coaliste «est un très bel outil», a reconnu Mathieu Rivest, député de Côte-du-Sud.

Le député de Nicolet-Bécancour, Donald Martel, a indiqué qu’il examinerait l’utilisation de Coaliste dans son bureau de circonscription, ajoutant qu’il n’avait jamais fait preuve de discrimination envers aucun de ses électeurs.

«Nous n’avons jamais vérifié si quelqu’un qui venait à mon bureau avait voté pour moi ou non», a-t-il déclaré.

De même, le député de Beauce-Nord Luc Provençal et le ministre Jonatan Julien ont indiqué qu’ils n’utilisaient pas Coaliste dans leurs bureaux de circonscription.

«Extrêmement problématique», estime l’opposition

Le chef libéral Marc Tanguay a réitéré que le bureau de circonscription n’est pas le lieu de décompte et que tous les citoyens doivent être servis, peu importe leurs convictions.

«Coaliste n’a rien à faire dans un bureau de circonscription», a déclaré Tanguay aux journalistes à l’Assemblée nationale.

Il a souligné que le personnel des bureaux des députés libéraux ne se livrait pas à cette pratique.

De même, Alejandra Zaga Mendez de Québec Solidaire a déclaré que les bureaux de circonscription de QS ne classent pas les dossiers de circonscription.

«Est-ce partout (dans les bureaux de circonscription de la CAQ) qu’on utilise les listes électorales et les listes partisanes pour filtrer, pour juger de la recevabilité d’un dossier de circonscription ?» elle a demandé.

«C’est extrêmement problématique. On se demande qui donne ce genre d’instructions aux autres bureaux ?»

Le député du Parti québécois Joël Arseneau a assuré qu’aucun travail partisan n’était fait dans son bureau de circonscription.

« Comment peut-on être député d’une circonscription et évaluer si l’on va soutenir, soutenir et aider un concitoyen en fonction de ses opinions politiques ? Je fais exactement le contraire dans ma circonscription depuis six ans. aucune considération politique partisane n’est prise en compte», a-t-il déclaré.

Arseneau a également réitéré que les outils que doit utiliser le personnel politique sont ceux fournis par l’Assemblée nationale.

«Ce sont les règles – et que ce travail soit fait sans partisanerie. Évidemment, si nous disposons d’un outil partisan pour gérer les dossiers de circonscription, eh bien, c’est répréhensible et doit être retiré.»

Un rapport très critique

Dans son rapport publié mercredi sur le cas Lévesque, la commissaire Mignolet a désapprouvé le fait que les membres du personnel des élus caquistes et les députés eux-mêmes aient accès à des données « identifiant le niveau de sympathie de chaque électeur envers le parti, ainsi qu’à d’autres informations de nature partisane ». «.

Les mots « partisan », « opposant » et « non marqué » figurent dans les cases du dossier de chaque électeur. Les personnels détiennent donc cette information lorsqu’un citoyen s’adresse à eux.

« Cette situation est révélatrice d’un brouillage des frontières entre les activités partisanes et celles liées à la fonction de député », a déclaré le commissaire, soulignant que tout citoyen a droit à l’aide de son député, quelles que soient ses opinions politiques.

En janvier 2023, QS a demandé une enquête du commissaire sur Lévesque parce qu’il avait été rapporté qu’un membre du personnel du bureau de circonscription avait utilisé du matériel informatique et l’adresse électronique officielle fournie par l’Assemblée nationale pour promouvoir les activités de financement partisanes de la CAQ, violant ainsi une section du Code d’éthique.

La députée a finalement été innocentée de ces allégations, mais le commissaire a conclu qu’il avait tenté de l’induire en erreur et d’entraver son travail d’enquête, ce qui constitue des manquements au Code d’éthique.

Concrètement, Lévesque a tenté de dissimuler des faits, communiqué des informations inexactes, tenté d’induire le commissaire en erreur et détruit des preuves, entre autres, conclut le rapport.

«Le député banalise toujours les répercussions de son comportement», peut-on lire dans le rapport.

«Il ne semble pas se rendre compte que cela a non seulement nui à l’enquête, mais que cela a aussi – et surtout – eu pour effet de déshonorer l’institution du commissaire. Malgré ses excuses ciblées, le député n’a reconnu que partiellement ses erreurs.»

Tous les députés, incluant ceux de la CAQ, ont voté jeudi matin en faveur d’une réprimande, tel que recommandé par le commissaire. Seul le député indépendant de Saint-Jérôme, Youri Chassin, s’est abstenu.