La CBC a versé plus de 18 millions de dollars en primes en 2024 après avoir supprimé des centaines d’emplois

OTTAWA – La Société Radio-Canada a versé 18,4 millions de dollars en primes cette année après que des centaines d’emplois au sein du radiodiffuseur public ont été supprimés. Des documents obtenus grâce aux lois sur …

CBC President and Chief Executive Officer Catherine Tait and CBC Chief Transformation Officer and Executive Vice-President Marco Dube wait to appear at the Heritage Committee in Ottawa on May 7, 2024. (THE CANADIAN PRESS/Patrick Doyle)

OTTAWA –

La Société Radio-Canada a versé 18,4 millions de dollars en primes cette année après que des centaines d’emplois au sein du radiodiffuseur public ont été supprimés.

Des documents obtenus grâce aux lois sur l’accès à l’information démontrent que CBC/Radio-Canada a versé des primes à 1 194 employés pour l’exercice 2023-24.

De cette somme, plus de 3,3 millions de dollars ont été versés à 45 dirigeants.

Cela signifie que ces cadres ont reçu une prime moyenne de plus de 73 000 $, ce qui est supérieur au revenu familial médian après impôts en 2022, selon Statistique Canada.

Plus de 10,4 millions de dollars ont été versés à 631 gestionnaires et plus de 4,6 millions de dollars à 518 autres employés.

Les conservateurs ont déclaré que ces primes étaient « plus qu’insultantes et franchement écoeurantes », ajoutant qu’elles surviennent à un moment où de nombreux Canadiens souffrent de la faim et sont confrontés à l’itinérance.

Le montant de cette année représente une augmentation par rapport aux 14,9 millions de dollars versés à 1 143 employés au cours de l’exercice 2022-23.

Le conseil d’administration a approuvé les bonus de cette année en juin, mais a refusé de divulguer le montant qui a été versé.

Les députés réclament ce chiffre depuis décembre dernier, lorsque la CBC a annoncé qu’elle licencierait des employés pour aider à équilibrer son budget.

Au final, 141 employés ont été mis à pied et 205 postes vacants ont été éliminés à CBC/Radio-Canada.

Le radiodiffuseur public a déclaré que l’argent était une rémunération liée à la performance et comptait dans la rémunération totale de certains employés, comme le stipulent les contrats qui promettent des paiements lorsque certains objectifs de l’entreprise sont atteints.

Les ministères, les sociétés d’État et la plupart des entreprises privées utilisent la rémunération au rendement, également appelée « rémunération à risque », comme partie de la rémunération des employés non syndiqués pour aider à garantir l’atteinte d’objectifs spécifiques, a déclaré un porte-parole de CBC dans un communiqué lundi.

« Bien que le terme « bonus » ait été utilisé pour décrire la rémunération au rendement, il s’agit en fait d’une obligation contractuelle envers les employés éligibles », a déclaré le porte-parole Leon Mar.

En mai, la PDG Catherine Tait a déclaré qu’elle était « très frustrée » par le fait que les députés qualifient ces versements de « bonus ».

Néanmoins, le conseil d’administration du diffuseur a publiquement reconnu l’aspect négatif de l’attribution de bonus au cours du même exercice financier au cours duquel il a procédé à des coupes budgétaires, et a depuis lancé une révision de son régime de rémunération pour les années à venir.

Mme Tait a été convoquée à deux reprises devant le comité du patrimoine de la Chambre des communes au cours de la dernière année pour répondre des compressions à CBC/Radio-Canada, et a été interrogée par les députés pour savoir si elle accepterait une prime pour l’exercice financier qui s’est terminé le 31 mars.

On ne sait pas encore si Tait fait partie de ceux qui ont reçu un bonus.

C’est au gouvernement libéral, et non au conseil d’administration, d’approuver toute prime versée au PDG, contrairement aux autres employés de CBC.

« C’est le comble de la suffisance de voir que la CBC s’est octroyé 18 millions de dollars en primes avec les 1,4 milliard de dollars par année qu’elle reçoit des contribuables pour servir de porte-parole au Parti libéral », a déclaré la députée conservatrice et porte-parole de l’opposition en matière de patrimoine, Rachael Thomas, dans un communiqué.

Thomas a déclaré que la CBC « ne vaut pas le coût », tout en répétant la promesse des conservateurs de retirer le financement du radiodiffuseur public et en s’engageant à « transformer le siège social de la CBC en de belles maisons pour les familles canadiennes ».

L’indépendance éditoriale de la CBC par rapport au gouvernement est inscrite dans la loi.

Les députés du Comité du patrimoine ont conclu à l’unanimité dans un rapport présenté à la Chambre plus tôt cette année qu’étant donné les suppressions d’emplois, il serait inapproprié pour la SRC d’accorder des primes aux membres de la direction.

Le radiodiffuseur public a déclaré que sa situation financière s’améliorait en raison des récents licenciements, des réductions des coûts opérationnels et d’une injection supplémentaire de 42 millions de dollars du budget fédéral de cette année.

Tait a déclaré au comité du patrimoine en mai que le déficit estimé de 125 millions de dollars pour 2024-25 s’était réduit à 20 millions de dollars.

Le cabinet de la ministre du Patrimoine, Pascale St-Onge, a indiqué dans un communiqué qu’elle avait entrepris un examen du mandat de la SRC, portant sur la gouvernance, le financement et la mission de celle-ci.

« Les Canadiens s’attendent à une gestion rigoureuse des fonds publics de la part de cette institution vitale », a déclaré un porte-parole.

« La majorité des Canadiens souhaitent un radiodiffuseur public fort qui nous relie d’un océan à l’autre — et nous savons tous que cela peut être encore mieux. »

Ce rapport de La Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 12 août 2024.