OTTAWA –
La dotation en personnel des nouveaux organismes de réglementation prévus par la Loi sur les préjudices en ligne des libéraux coûtera environ 200 millions de dollars sur cinq ans, selon une nouvelle analyse publiée jeudi par le directeur parlementaire du budget.
Le rapport examine l’engagement du gouvernement fédéral d’établir une Commission de sécurité numérique pour réglementer les entreprises de médias sociaux et les forcer à limiter les contenus préjudiciables en ligne.
Si la loi est adoptée au Parlement, cette commission établirait un ensemble de réglementations et aurait le pouvoir d’imposer des amendes aux entreprises qui enfreignent les règles.
Le projet de loi sur les préjudices en ligne propose également la création d’un poste d’ombudsman de la sécurité numérique auquel les Canadiens peuvent faire part de leurs préoccupations, ainsi qu’un nouveau bureau de la sécurité numérique.
Dans un rapport publié jeudi, le PBO indique que le ministère du Patrimoine estime que ces nouvelles entités emploieront environ 300 personnes lorsqu’elles seront pleinement opérationnelles.
« Le DPB estime que de 2024-2025 à 2028-2029, les coûts de fonctionnement totaux s’élèveront à 201 millions de dollars, moins les éventuelles pénalités administratives pécuniaires, amendes… ou frais réglementaires perçus par la commission, l’ombudsman et le bureau », peut-on lire.
Le rapport note que le gouvernement peut percevoir des recettes en infligeant des amendes aux entreprises qui ne se conforment pas, mais le coût estimé n’inclut pas d’analyse de ce à quoi cela pourrait ressembler.
« Il existe un degré élevé d’incertitude quant aux revenus qui seront générés, car cela dépend de la volonté des entreprises extérieures de respecter les exigences établies par la commission et la loi sur les préjudices en ligne. »
Les coûts peuvent également être plus élevés si les nouvelles entités décident de recourir à des services de conseil externes ou à un soutien juridique, indique le rapport.
L’organisme de surveillance souligne que les estimations du gouvernement en matière de dotation en personnel sont basées sur celles d’autres organismes de réglementation canadiens et internationaux.
Le ministre de la Justice Arif Virani a présenté le projet de loi sur les préjudices en ligne en février, affirmant que les géants des médias sociaux doivent assumer la responsabilité des contenus préjudiciables.
Mais les conservateurs de l’opposition se sont montrés critiques, affirmant que cela n’aboutirait à rien d’autre qu’à créer une nouvelle bureaucratie.
La députée conservatrice Michelle Rempel Garner a demandé au DPB de procéder à une analyse des coûts qu’impliquerait la mise en place du nouveau système.
Elle a soutenu que le gouvernement pourrait plutôt modifier les lois et les régulateurs existants pour garantir que les Canadiens soient mieux protégés en ligne.
« Le projet de loi controversé des libéraux a suscité de nombreuses critiques de la part des Canadiens concernés et a suscité l’inquiétude des experts juridiques et des défenseurs des droits civiques », a-t-elle déclaré dans un communiqué.
« Nous apprenons maintenant que Trudeau va dépenser plus de 200 millions de dollars de l’argent des contribuables pour sa bureaucratie de censure inutile de 330 personnes au lieu d’utiliser cet argent pour embaucher des policiers, protéger les Canadiens et enfermer les criminels. »
Le parti a également envoyé un courrier électronique à ses partisans leur demandant d’aider le chef conservateur Pierre Poilievre à vaincre ce qu’il a appelé le « monstre à trois têtes » – ou un trio de projets de loi libéraux qui visent à réglementer les géants de la technologie.
En plus du projet de loi sur les préjudices en ligne, le gouvernement libéral a adopté des lois qui réglementent les services de diffusion en continu en ligne et les plateformes de médias sociaux qui affichent du contenu d’actualité canadien.
Poilievre accuse souvent le premier ministre Justin Trudeau de censure en référence à ces projets de loi, tandis que les libéraux affirment que les conservateurs sont coupables de diffuser de fausses informations sur ce que fait réellement la législation.
Le bureau de Virani n’a pas encore répondu à une demande de commentaire sur l’analyse des coûts de jeudi.
Le dossier a atterri sur son bureau après avoir été confié au ministre du Patrimoine canadien, des années après que Trudeau ait promis pour la première fois de légiférer contre les méfaits en ligne lors de la campagne électorale de 2019.
Les experts ont largement critiqué un document de consultation publié à l’époque du vote fédéral de 2021, qui proposait une règle de retrait de 24 heures pour les contenus signalés comme nuisibles – une approche qui, selon eux, risquait de censurer les contenus légaux et de freiner la liberté d’expression.
Ces commentaires ont incité le gouvernement à retourner à la planche à dessin et à constituer un nouveau groupe consultatif d’experts.
Le projet de loi actuel a suscité des critiques de la part des défenseurs de la société civile et des experts juridiques en raison de ses réformes de la justice pénale, qui incluent des propositions de peines plus sévères pour les crimes liés à la haine et le rétablissement d’un article controversé de la Loi canadienne sur les droits de la personne qui permettrait aux Canadiens de déposer des plaintes pour discours de haine.