C’est un sport qui gagne en popularité, mais une municipalité des Laurentides songe à interdire le wakesurf.
Des consultations publiques ont été lancées sur un projet de règlement à Saint-Adolphe-d’Howard qui interdirait les bateaux de wakeboard du lac Saint-Joseph et du lac Sainte-Marie voisin.
Le wakesurf diffère du ski nautique et du wakeboard car le pratiquant utilise le sillage du bateau pour se propulser au lieu d’être tracté par un bateau à moteur. Les bateaux de wake ont un lest plus important qui crée des vagues plus grosses, ce qui est à l’origine d’une grande partie des inquiétudes.
« Imaginez ce qui se passe lorsqu’une colonne d’eau de cinq mètres de profondeur brise tout ce qui se trouve en dessous », a déclaré André Bélanger de la Fondation Rivières, un groupe qui œuvre à la préservation, à la restauration et à la mise en valeur des rivières du Québec. « Si des poissons tentent de se reproduire à cet endroit, c’est fini. Cela détruit la faune, cela détruit la flore et cela entraîne l’érosion. »
Le champion du monde de ski nautique Pierre Plouffe dirige un centre nautique à Mont-Tremblant et affirme qu’environ la moitié de ses clients s’intéressent désormais au wake surf.
Ce sport peut être pratiqué sans nuire à l’environnement, a-t-il déclaré, à condition que le lac soit suffisamment profond et large.
« Si vous allez au centre comme nous le faisons ici (sur le lac Tremblant), vous ne pouvez rien endommager, car lorsque les vagues atteignent le rivage, elles sont mortes », a-t-il expliqué.
Études concurrentes
Des études ont été menées sur l’impact environnemental du wakesurf, mais il existe également un débat.
Sainte-Adolphe-d’Howard cite une étude de l’Université de Montréal qui conclut que le wakesurf ne devrait pas être pratiqué à moins de 300 mètres du rivage.
Les défenseurs de ce sport affirment qu’il ne s’agit pas d’une étude évaluée par des pairs. Ils s’appuient plutôt sur une étude publiée dans le Journal of Water Resource and Protection, qui constate un impact minimal au-delà de 60 mètres du rivage.
À qui appartient l’eau ?
Si l’interdiction devait être mise en œuvre, elle devrait être approuvée par Transports Canada.
Pour Josée Côté, de l’organisme nautique Nautisme Québec, la question se pose de savoir qui devrait être le gardien des eaux.
« C’est une nouveauté pour Transports Canada de ne pouvoir interdire que l’activité de wakesurf. Ils séparent donc maintenant les activités nautiques », a-t-elle déclaré. « Mais nous pensons que l’interdiction n’est pas une solution. Personne n’est propriétaire des lacs du Québec. C’est la responsabilité de tout le monde. »
La Fondation Rivières estime que l’attitude selon laquelle chacun peut faire ce qu’il veut avec l’eau perdure depuis trop longtemps.
« On a été habitués à croire que ça n’avait aucun impact, et c’est un plaisir de les utiliser. On croyait tous que ce qui était un privilège était en fait un droit. Alors, ils se battent comme si on brisait leurs droits », a dit M. Bélanger.
Restreindre le sport
Certaines municipalités, dont Sainte-Adolphe-d’Howard, ont déjà imposé des restrictions à la pratique du wakesurf.
Il existe des zones spécifiées sur les lacs Sainte-Joseph et Sainte-Marie où cela est permis.
Bernard Côté, de l’association des sports nautiques des lacs, a déclaré qu’une partie du problème consiste à s’assurer que les plaisanciers le savent.
« Est-ce que c’est respecté ? C’est un point important. Il faut sensibiliser les plaisanciers régulièrement », a-t-il dit.
Cote ajoute que de nombreux résidents sont contre le wakesurf non pas pour des raisons environnementales, mais parce que les bateaux peuvent être bruyants.
« À Sainte-Adolphe-d’Howard, nous avons environ 80 lacs. Deux sont motorisés, 78 sont non motorisés. Donc, si vous voulez la paix et la tranquillité, vous avez le choix », a-t-il dit.
Bélanger a également noté que le wakesurf augmente l’oxygénation d’un lac, ce qui le fait vieillir et devenir marécageux. Son organisation est en faveur d’une interdiction totale de certains plans d’eau.
« Leurs lacs vieillissent et ce type d’activité, lorsqu’elle n’est pas pratiquée au bon endroit, ne fait qu’accélérer ce vieillissement », a-t-il déclaré. « Alors, voulez-vous conserver votre lac ou votre activité ? C’est la question. »