FRANCFORT, Allemagne –
L’ancien PDG du groupe Volkswagen, Martin Winterkorn, a été jugé mardi pour fraude et manipulation de marché en lien avec le scandale d’utilisation par Volkswagen d’un logiciel truqué qui a permis à des millions de voitures de tricher aux tests d’émissions et d’émettre des niveaux élevés de polluants nocifs.
Les procureurs affirment que Winterkorn était au courant de l’existence du logiciel illégal bien avant que l’Agence américaine de protection de l’environnement n’annonce sa découverte de la violation en septembre 2015.
Il a déclaré avoir été informé de cette pratique quelques jours plus tôt et a témoigné lors d’une procédure civile que les allégations portées contre lui « n’étaient pas correctes ».
L’avocat de Winterkorn, Felix Doerr, a déclaré mardi avant le procès à Brunswick que « notre client rejette définitivement les accusations qui lui sont portées ». Il a ajouté que la position de Winterkorn en tant que PDG ne justifiait pas qu’il soit tenu pour responsable de l’ensemble du scandale.
Winterkorn, 77 ans, devait être jugé en 2021 avec quatre autres dirigeants de VW, mais son procès a été reporté en raison de problèmes de santé.
Le scandale du diesel a eu de lourdes conséquences pour l’entreprise et l’industrie automobile. Volkswagen a dû payer plus de 31 milliards d’euros (34 milliards de dollars) d’amendes et de dédommagements judiciaires. Les ventes de voitures diesel, autrefois préférées pour leur efficacité énergétique par rapport aux véhicules à essence, ont chuté en tant que part de marché automobile en Europe.
Winterkorn fait face à trois chefs d’accusation distincts : escroquerie auprès des acheteurs de voitures en vendant les voitures avec un logiciel illégal, manipulation du marché boursier en ne révélant pas les informations requises aux investisseurs et fausses déclarations devant une commission d’enquête parlementaire en 2017. Il risque jusqu’à 10 ans de prison s’il est reconnu coupable.
Dans leur acte d’accusation, les procureurs ont affirmé que Winterkorn avait eu connaissance du problème au moins en novembre 2014, mais qu’il avait continué à autoriser cette pratique. Selon eux, le logiciel truqué était apparu dans les voitures Volkswagen en Europe et aux États-Unis dès 2006.
Le logiciel a augmenté les niveaux d’émissions lors des essais, puis les a diminués lors de la conduite quotidienne, ce qui a permis aux voitures d’émettre des niveaux d’oxyde d’azote supérieurs aux niveaux autorisés. L’oxyde d’azote peut irriter les voies respiratoires et contribuer au développement de l’asthme.