Le programme fédéral de rachat d’armes à feu a coûté aux contribuables près de 67,2 millions de dollars depuis son annonce en 2020, mais il n’a toujours pas permis de récupérer une seule arme.
Le programme vise à indemniser les propriétaires d’armes à feu de type assaut qui ont été interdites par le gouvernement libéral en 2020. Bien que de nombreux détails du programme n’aient toujours pas été révélés après quatre ans, les entreprises et les propriétaires d’armes à feu n’ont que jusqu’à la fin octobre 2025 pour rendre, désactiver ou éliminer les armes interdites. Le gouvernement estime qu’il y a 150 000 armes à feu de type assaut interdites au pays.
Les 67,2 millions de dollars comprennent 56,1 millions de dollars dépensés par Sécurité publique Canada et près de 11,1 millions de dollars par la Gendarmerie royale du Canada. Près de 11,5 millions de dollars de cette somme ont été versés à des consultants externes pour des logiciels, de la logistique, du soutien aux communications et plus encore.
Les chiffres ont été obtenus par le chef de l’opposition au Sénat, Donald Plett, grâce à ce qu’on appelle une question au Feuilleton, une procédure utilisée par les législateurs pour obtenir des informations du gouvernement. M. Plett qualifie ce programme de « gâchis ».
« 67 millions de dollars, c’est une somme incroyable et choquante à dépenser pour un programme qui n’existe pas encore et qui cible en fin de compte les propriétaires d’armes à feu titulaires d’un permis, formés et respectueux de la loi, et non les criminels », a déclaré Plett dans une déclaration à CTVNews.ca. « Et ce qui est encore plus scandaleux, c’est que 11 millions de dollars de l’argent durement gagné par les contribuables ont été donnés à des consultants externes. Ces contrats doivent être rendus publics. »
Lorsque Plett a fait pression sur le représentant du gouvernement au Sénat, Marc Gold, mercredi, ce dernier a déclaré qu’il ne présenterait pas d’informations détaillant les 11,5 millions de dollars de contrats externes.
« La position du gouvernement sur sa législation relative aux armes à feu et ses efforts pour lancer son programme de rachat d’armes à feu sont au cœur de sa préoccupation pour le bien-être des Canadiens », a déclaré M. Gold au Sénat. « Il est regrettable que le programme n’ait pas progressé davantage. Le gouvernement fait tout ce qu’il peut pour le faire avancer. »
Le programme de rachat d’armes à feu a été annoncé en mai 2020 à la suite de la pire fusillade de masse jamais survenue au Canada, qui a fait 22 morts en Nouvelle-Écosse en avril de la même année. Le Canada a suivi l’exemple de la Nouvelle-Zélande, qui a lancé un programme similaire après une horrible fusillade de masse qui a fait 51 morts en mars 2019. Au cours de ses six premiers mois, le programme néo-zélandais a permis de récupérer plus de 56 000 armes semi-automatiques interdites.
Une question inscrite au Feuilleton en 2023 par Plett a révélé que 60 employés de Sécurité publique Canada et 15 de la GRC étaient affectés au programme canadien à l’époque. Au moins 117 millions de dollars de fonds ont été obtenus pour faire avancer le programme, selon Sécurité publique Canada.
Sécurité publique Canada prévoit déployer le programme en deux phases, en commençant par les propriétaires d’entreprises qui détiennent des actions interdites, puis les propriétaires individuels. Environ 2 000 modèles et variantes d’armes à feu de type assaut sont visés par l’interdiction de mai 2020. L’indemnisation proposée est basée sur le prix d’origine et varie d’environ 1 100 $ à plus de 6 200 $ par arme. La date limite pour les entreprises et les particuliers est le 30 octobre 2025.
En 2021, le directeur parlementaire du budget a estimé que le rachat de chaque arme à leur juste valeur marchande pourrait coûter au gouvernement 756 millions de dollars.
Ce programme controversé a été critiqué par les conservateurs de l’opposition, les défenseurs des armes à feu et même un groupe de contrôle des armes à feu.
Dans une déclaration à CTVNews.ca, un porte-parole de Sécurité publique Canada a déclaré que les travaux sur le programme sont « bien avancés » et que de plus amples informations sur la phase commerciale seront disponibles plus tard en 2024.
« Le gouvernement du Canada continue de collaborer avec divers intervenants et fournisseurs de services pour assurer un programme sûr, efficace et rentable », a déclaré le porte-parole de la Sécurité publique. « Une fois le programme lancé, les entreprises d’armes à feu et les particuliers qui ont des armes à feu et des dispositifs en leur possession auront la possibilité de remettre les armes à feu et les dispositifs contre indemnisation, de faire désactiver les armes à feu aux frais du gouvernement ou d’exporter les armes à feu avec un permis d’exportation valide. »