Les créanciers approuvent un accord proposé de 32,5 milliards de dollars avec les géants du tabac (avocat)

Un accord proposé qui verrait trois géants du tabac verser des milliards aux provinces et aux territoires, ainsi qu’aux fumeurs de partout au Canada, a été approuvé par les créanciers des entreprises, a déclaré jeudi …

A smoker puts out a cigarette in a public ash tray in Ottawa on May 31, 2016. THE CANADIAN PRESS/Sean Kilpatrick

Un accord proposé qui verrait trois géants du tabac verser des milliards aux provinces et aux territoires, ainsi qu’aux fumeurs de partout au Canada, a été approuvé par les créanciers des entreprises, a déclaré jeudi un avocat représentant certains des créanciers, le qualifiant d’étape importante dans un longue saga juridique.

Le règlement global proposé de 32,5 milliards de dollars entre les sociétés – JTI-Macdonald Corp., Rothmans, Benson & Hedges et Imperial Tobacco Canada Ltd. – et leurs créanciers a été annoncé en octobre après plus de cinq ans de négociations.

Les représentants des créanciers, qui comprennent des gouvernements provinciaux cherchant à récupérer les coûts des soins de santé liés au tabagisme ainsi que des plaignants dans deux recours collectifs au Québec, ont voté sur le plan lors d’une réunion virtuelle jeudi après-midi.

André Lespérance, qui représente les plaignants dans l’une des poursuites au Québec, a déclaré que les créanciers ont massivement soutenu la proposition.

«Nous ne sommes pas surpris, mais nous sommes heureux que les créanciers soient unis en ce moment pour voir ce plan approuvé», a-t-il déclaré en français.

Avant que le plan puisse être mis en œuvre, il doit obtenir l’approbation du tribunal. Une audience est prévue pour la fin janvier et Lespérance s’est dit optimiste que l’accord proposé permettra également de surmonter cet obstacle.

«Je pense que nous sommes vraiment proches de la fin», a-t-il déclaré.

Dominique Claveau, directrice générale du Conseil québécois sur le tabac et la santé, qui fait partie de la poursuite, a déclaré qu’elle attendait avec impatience que le tribunal « mène à son terme cette bataille de longue date pour la justice et la vérité ».

L’accord proposé comprend 24 milliards de dollars pour les provinces et les territoires, 4 milliards de dollars pour des dizaines de milliers de fumeurs québécois et leurs héritiers, et plus de 2,5 milliards de dollars pour les fumeurs des autres provinces et territoires. Il prévoit également plus d’un milliard de dollars pour une fondation destinée à aider les personnes touchées par les maladies liées au tabac.

Le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, dont la province a intenté une action en justice contre les trois compagnies de tabac en 1998, a déclaré que l’accord constituait « un pas en avant crucial après 20 ans de litige ».

«Le tabac a fait du mal à beaucoup trop de gens et les compagnies de tabac ont évité de rendre des comptes pendant trop longtemps», a déclaré Eby dans un communiqué.

«Nous exhortons les compagnies de tabac à assumer la responsabilité de leurs actions trompeuses et à accepter ce plan.»

Au moins une des sociétés s’est déclarée opposée au projet dans sa forme actuelle.

La Société canadienne du cancer, qui est un acteur social dans cette affaire, a déclaré jeudi qu’elle espérait que la proposition serait modifiée avant d’être approuvée par le tribunal.

Rob Cunningham, l’avocat de l’organisation, a déclaré que le plan devrait inclure des mesures de réduction du tabagisme et la publication de documents confidentiels de l’industrie, à l’instar de ce qui a été réalisé aux États-Unis il y a plusieurs décennies.

«Il existe une opportunité unique de mieux contrôler l’industrie du tabac et de réduire la consommation de tabac. Nous n’aurons plus jamais cette opportunité», a-t-il déclaré.

La fondation financée par l’accord proposé devrait également voir son mandat élargi pour inclure la prévention des maladies liées au tabac et les efforts de sensibilisation du public pour aider les gens à arrêter de fumer, a déclaré Manuel Arango, vice-président des politiques et de la défense des droits de Cœur + AVC.

«Nous disposons déjà de nombreuses études et de nombreuses connaissances sur le traitement des maladies liées au tabac», a-t-il déclaré. «Il s’agit donc vraiment de regarder vers l’avenir et d’aider à prévenir les maladies liées au tabac à l’avenir.»

Cette proposition est le point culminant d’un processus de restructuration d’entreprises déclenché par une bataille juridique de plusieurs décennies sur les effets du tabagisme sur la santé.

En 2015, un tribunal du Québec a condamné les trois entreprises à payer environ 15 milliards de dollars dans le cadre de deux recours collectifs impliquant des fumeurs de la province qui ont pris cette habitude entre 1950 et 1998 et qui sont soit tombés malades, soit dépendants, soit leurs héritiers.

Quatre ans plus tard, cette décision historique a été confirmée par la Cour d’appel de la province. Les sociétés ont ensuite demandé la protection de leurs créanciers en Ontario afin de négocier un règlement global avec leurs créanciers.

Toutes les poursuites judiciaires à leur encontre ont été suspendues pendant les négociations. Cette ordonnance a désormais été prolongée jusqu’au 31 janvier 2025.