Les défenseurs des Juifs affirment que les détails de l’enquête sur le commissaire aux droits de l’homme restent flous

Trois semaines après que les libéraux fédéraux ont promis de procéder à un « examen formel et indépendant » de la nomination du nouveau commissaire aux droits de la personne du Canada, le gouvernement n’a …

Justice Minister and Attorney General of Canada Arif Virani speaks to reporters ahead of a cabinet meeting on Parliament Hill in Ottawa, on June 11, 2024. THE CANADIAN PRESS/Spencer Colby

Trois semaines après que les libéraux fédéraux ont promis de procéder à un « examen formel et indépendant » de la nomination du nouveau commissaire aux droits de la personne du Canada, le gouvernement n’a fourni aucun détail sur ce qu’impliquera cet examen.

Birju Dattani, ancien directeur exécutif de la Commission des droits de la personne du Yukon, a été nommé à la tête de la Commission canadienne des droits de la personne le 14 juin.

Le 8 août, il devrait débuter un mandat de cinq ans à ce nouveau poste, en tant que première personne de couleur et premier musulman à occuper ce poste.

Mais sa nomination a été scrutée après que les médias ont rapporté qu’il avait fait des commentaires anti-israéliens alors qu’il était étudiant diplômé sous différents noms qui n’avaient pas été signalés lors du processus de sélection.

Le Bureau du Conseil privé, l’organe administratif du gouvernement qui sert le Cabinet du Premier ministre et le Cabinet, supervise le processus de sélection des personnes nommées par le gouvernement fédéral.

Selon le porte-parole, Daniel Savoie, une « erreur administrative » a eu lieu, ce qui a fait que le processus de vérification n’a pas inclus tous les pseudonymes de M. Dattani. Ces derniers ont depuis été communiqués à la GRC et au SCRS, qui « sont en train de terminer les examens nécessaires ».

Une nouvelle directive a également été émise au sein du Bureau du Conseil privé pour garantir que ce problème ne se reproduise plus.

Mais d’importantes organisations juives ont demandé au gouvernement de reconsidérer la nomination, et les conservateurs et le Bloc québécois estiment que Dattani devrait se retirer ou être remplacé. Les conservateurs ont également déclaré qu’ils annuleraient la nomination s’ils formaient le prochain gouvernement.

Dattani a précédemment qualifié les allégations portées contre lui de sans fondement et a déclaré qu’il maintenait son bilan en matière de droits de l’homme.

Il n’a pas répondu à une demande de commentaire, mais son avocat a déclaré dans un communiqué la semaine dernière qu’il contesterait toute tentative visant à le faire révoquer.

Fin juin, le cabinet du ministre de la Justice Arif Virani a annoncé qu’il ouvrirait une enquête. Depuis, il n’a donné aucune indication quant au début d’une quelconque enquête.

« Je n’ai rien entendu au sujet de l’enquête, et je n’ai même pas vu les termes de référence », a déclaré Richard Marceau, vice-président du Centre des relations juives et israéliennes, dans une interview.

« Ce qui se passe est un peu flou. »

Jaime Kirzner-Roberts, directrice des politiques et du plaidoyer au Friends of Simon Wiesenthal Center, a déclaré que son organisation était déçue de ne pas avoir eu de nouvelles de Virani.

« Comment est-il possible que le ministre, après sa nomination, n’ait pas été au courant de certains faits fondamentaux qui ont été découverts par une simple recherche sur Google ? », a demandé Kirzner-Roberts.

« Ce ne sont là que quelques-unes des questions auxquelles nous souhaiterions obtenir une réponse grâce à une enquête. »

Richard Robertson, directeur de la recherche et du plaidoyer de B’nai Brith Canada, a déclaré qu’il avait rencontré le bureau de Virani et qu’on lui avait dit que l’enquête serait terminée avant le début prévu de la présidence de Dattani.

Le bureau de Virani a confirmé jeudi que l’enquête devrait « se terminer » d’ici le 8 août, mais a seulement ajouté que « des informations supplémentaires seront bientôt disponibles ».

À moins d’un mois de l’arrivée de M. Dattani, une source gouvernementale a indiqué qu’Ottawa cherchait des moyens de retarder son arrivée. La source a requis l’anonymat car elle n’était pas autorisée à s’exprimer publiquement.

Le bureau de Virani s’était précédemment engagé à rendre publics les résultats de tout examen.

Il s’agit de certains messages désormais supprimés publiés par Dattani sous le nom de Mujahid Dattani alors qu’il était étudiant diplômé à Londres il y a près de dix ans.

Dattani a déclaré qu’en 2014, il avait partagé sur les réseaux sociaux un article intitulé « Les Palestiniens sont aujourd’hui les prisonniers du ghetto de Varsovie ». Il a récemment déclaré à CBC News et au Globe and Mail qu’il n’était pas d’accord avec cet argument.

Il a rejeté les accusations selon lesquelles il aurait publié des articles comparant Israël à l’Allemagne nazie, comme le suggérait un article publié en 2015.

L’apparition de Dattani à la même époque lors d’un panel aux côtés d’un membre du Hizb ut-Tahrir, un groupe fondamentaliste islamique, a également été signalée comme préoccupante.

Le Conseil national des musulmans canadiens a défendu Dattani, affirmant qu’il s’attend à ce que « tout processus indépendant et équitable l’exonère complètement ».

Il a accusé ceux qui réclamaient son éviction de le « salir » pour avoir écrit sur des sujets de sciences politiques tels que le terrorisme.

Le député du NPD Randall Garrison a déclaré que son parti n’avait pas encore reçu d’échéancier clair concernant la date à laquelle le SCRS et la GRC termineront leur examen.

« Les néo-démocrates demandent instamment que cet examen soit effectué aussi rapidement, aussi complètement et aussi transparentement que possible », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Marceau a déclaré que l’incident soulève des questions sur la manière dont on peut faire confiance à la Commission des droits de l’homme pour lutter contre l’antisémitisme à un moment où la haine en ligne augmente et où la police signale une augmentation des crimes connexes.

« Peut-on réellement faire confiance à la stratégie du gouvernement pour lutter contre l’antisémitisme en ligne ? C’est une question légitime. »

Plus tôt cette année, le gouvernement a proposé un projet de loi qui permettrait à la Commission canadienne des droits de la personne d’entendre les plaintes relatives aux discours haineux en ligne.

L’Online Harms Act, qui propose également des sanctions plus sévères pour les crimes haineux et cherche à tenir les géants des médias sociaux responsables des contenus préjudiciables, en est encore aux premiers stades du débat à la Chambre des communes.