Les soins de santé, le logement et l’environnement seront à l’ordre du jour des premiers ministres du Canada qui se réuniront à Halifax pour la réunion estivale annuelle du Conseil de la fédération.
Les 13 dirigeants s’opposeront également à l’empiètement du gouvernement fédéral sur les responsabilités provinciales et territoriales, tout en exigeant de l’aide pour leurs priorités.
Dans une lettre envoyée au premier ministre Justin Trudeau la semaine dernière, les premiers ministres ont exhorté le gouvernement fédéral à « s’abstenir de toute action unilatérale dans les domaines de compétence provinciale et territoriale, notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation et du logement ».
« Nous espérons que cette lettre servira d’invitation à dialoguer avec les premiers ministres sur les moyens de renouveler notre relation afin que nous puissions collectivement répondre aux besoins des Canadiens », poursuit la lettre signée par le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Tim Houston, qui préside la fédération pour cette année.
Point d’éclair dans le secteur du logement
Au cours de la dernière année, le gouvernement fédéral a de plus en plus contourné la province pour acheminer des milliards de dollars directement aux municipalités afin de construire des appartements pour faire face à la pénurie massive de logements.
Les provinces, et en particulier le Québec, ont également imputé la pénurie de logements et la pression accrue sur les coûts de l’aide sociale de la province aux politiques d’immigration du gouvernement fédéral. Le premier ministre François Legault a exigé qu’Ottawa réduise le nombre d’immigrants temporaires dans la province et paie les coûts liés à leur logement et à leurs soins. En juin, le gouvernement fédéral a accepté de verser 750 millions de dollars au Québec pour l’aider à financer l’afflux de migrants temporaires et à répartir les réfugiés potentiels à travers le pays.
Responsabilité en matière de soins de santé
Alors que les premiers ministres se réunissent, un nouveau sondage Environics publié par la Coalition canadienne de la santé montre que 74 pour cent des Canadiens affirment que les soins de santé dans leur province sont en crise.
L’Association médicale canadienne (AMC) et ses homologues provinciaux et territoriaux exhortent les dirigeants à « stabiliser le système de santé ».
« Nous devons planifier un avenir meilleur, où les patients pourront obtenir les soins dont ils ont besoin en temps opportun et où les médecins et les autres professionnels de la santé pourront travailler dans un environnement sûr et doté de ressources suffisantes », indique la lettre signée par les présidents de l’AMC et de 11 autres associations médicales provinciales et territoriales.
Selon l’AMC, les patients ont dû attendre jusqu’à 22 heures dans les salles d’urgence l’hiver dernier. Le problème est aggravé par le fait qu’environ 6,5 millions de Canadiens n’ont pas de médecin de famille. La lettre souligne que les changements climatiques rendront le « système de santé surchargé plus vulnérable aux risques sanitaires et aux urgences liées au climat, notamment les inondations, les feux de forêt, les dômes de chaleur et d’autres phénomènes météorologiques extrêmes ».
Un partenaire provincial réticent
L’Alberta a refusé de devenir partenaire provincial de deux nouveaux programmes fédéraux de santé. La première ministre Danielle Smith a écrit à Justin Trudeau le mois dernier pour l’informer que l’Alberta se retirerait du programme de soins dentaires en 2026. L’Alberta prévoit également se retirer du programme national d’assurance-médicaments qui fournirait aux Canadiens des médicaments gratuits contre le diabète et des contraceptifs.
« L’Alberta a l’intention de se retirer du programme et de recevoir à la place sa part complète de ce financement par habitant pour le déploiement dans notre système de santé provincial », a déclaré la ministre de la Santé de l’Alberta, Adriana LaGrange.
Le gouvernement minoritaire libéral, soutenu par le NPD, a prévu 1,5 milliard de dollars pour l’assurance-médicaments au cours des cinq prochaines années dans son budget 2024.
Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, assumera la présidence du Conseil de la fédération l’année prochaine.
Le cabinet du premier ministre a indiqué que l’une de ses priorités sera de fournir aux Canadiens les nouveaux médicaments financés par l’État le plus rapidement possible. Un porte-parole de Ford a souligné que les patients canadiens doivent attendre près de deux ans pour avoir accès à des médicaments révolutionnaires qui peuvent leur sauver la vie, « un an de plus que dans les autres pays développés, ce qui nous place au dernier rang du G7 ».
Les premiers ministres débuteront leur réunion de trois jours en rencontrant d’abord les dirigeants autochtones nationaux lundi.