Le premier ministre du Québec, François Legault, a averti vendredi qu’il y avait un risque de « réaction excessive » à l’égard des nouveaux arrivants si la province maintenait ses niveaux d’immigration actuels.
Legault a déclaré aux journalistes de la péninsule gaspésienne qu’il ne voulait pas voir le Québec finir comme les États-Unis ou la France, où le débat sur l’immigration a alimenté des opinions extrémistes. Des données récentes montrent qu’il y a eu une augmentation de plus de 300 000 résidents non permanents au Québec au cours des deux dernières années, un nombre qui, selon Legault, est supérieur à ce que la province peut accueillir.
«Il y a un risque de réaction ou de surréaction face aux impacts sur les services, sur la langue française, sur le logement», a-t-il déclaré. «Nous devons équilibrer le nombre d’immigrants que nous accueillons chaque année.»
Les propos de Legault ont été tenus en réponse à une question sur ses craintes d’une « montée de la droite » au Québec et au Canada. Les inquiétudes liées à l’immigration ont alimenté la popularité des partis d’extrême droite dans plusieurs pays européens, dont la France, où le Rassemblement national, un parti anti-immigration, est en tête dans les sondages à l’approche du premier tour des élections législatives de ce week-end.
Aux États-Unis, le président Joe Biden et l’ancien président Donald Trump se sont affrontés sur l’immigration lors d’un débat télévisé jeudi soir, et la question sera probablement un point chaud lors de l’élection présidentielle de 2024.
«Ce que j’espère, c’est que nous ne nous retrouverons pas dans la même situation que les États-Unis ou la France», a déclaré Legault. «Je pense que les Québécois ont toujours été accueillants. Mais on ne peut pas accueillir 300 000 nouvelles personnes en deux ans. C’est trop.»
Legault a déclaré que les immigrants temporaires sont entièrement responsables de la crise du logement dans la province – une affirmation que nient les défenseurs du logement – et que les nouveaux arrivants mettent également à rude épreuve les systèmes de santé et d’éducation du Québec. Il affirme également qu’environ un tiers des immigrants temporaires ne parlent pas français, ce qui limite leur capacité à s’intégrer.
Le premier ministre a fait pression sur le premier ministre Justin Trudeau pour qu’il réduise les niveaux d’immigration au Québec et affirme vouloir réduire de moitié le nombre de demandeurs d’asile dans la province. Après une rencontre avec Legault plus tôt ce mois-ci, Trudeau a annoncé que le gouvernement fédéral offrait à la province 750 millions de dollars pour aider à soutenir les nouveaux arrivants, mais ne s’est engagé à atteindre aucun objectif de réduction de l’immigration.
Selon les données de Statistique Canada publiées la semaine dernière, il y avait 597 140 résidents non permanents au Québec au deuxième trimestre de 2024, comparativement à 421 149 un an plus tôt et à 295 147 en 2022. Ce total a augmenté à chaque trimestre depuis 2021, et la part de la population totale composée de résidents non permanents a doublé en trois ans, passant de 3,3 pour cent à 6,6 pour cent.