Le régime réglementaire minier est qualifié de « déplorable, insultant et discriminatoire » par les avocats de cinq communautés
Six Premières Nations du Nord de l’Ontario contestent la Loi sur les mines de la province devant la Cour supérieure de justice de l’Ontario, affirmant qu’elle est inconstitutionnelle et qu’elle outrepasse leurs droits à l’égalité garantis par les traités et la Charte.
Les dirigeants de la nation Apitipi Anicinapek, de la Première Nation d’Aroland, de la Première Nation d’Attawapiskat, de la Première Nation de Fort Albany, de la Première Nation de Ginoogaming et de Kitchenuhmaykoosib Inninuwug ont déposé un avis de demande auprès du tribunal le 9 août.
Ils contestent le système d’entrée gratuite de longue date de l’Ontario et son processus numérique de jalonnement de claims, qui permet aux entreprises et aux intérêts miniers partout dans le monde de jalonner des terrains d’exploration minérale potentiels d’un simple clic de souris.
Les dirigeants autochtones soutiennent que ces activités se déroulent sur leurs terres traditionnelles sans que les Premières Nations n’aient été préalablement consultées. Ils affirment que le régime de la Loi sur les mines enregistre automatiquement les terrains d’exploration, ce qui confère aux titulaires de revendications certains droits fonciers qui priment sur les droits constitutionnels des Premières Nations sur leurs terres.
Lors d’une conférence de presse tenue le 12 août à Queen’s Park, Kate Kempton, avocate principale, a qualifié la Loi sur les mines de « raciste et coloniale » et a déclaré qu’elle « doit être abrogée ».
Les communautés veulent que certaines dispositions de la Loi sur les mines soient déclarées inconstitutionnelles, annulées et remplacées.
Ils pointent également du doigt un « système de consultation déplorable » concernant l’exploration des claims et leur incapacité à protéger leurs terres.
La réponse du ministère du Procureur général de l’Ontario n’était pas disponible au moment de la publication de cet article.
Le Nord de l’Ontario connaît actuellement un boom d’exploration, notamment dans la recherche de minéraux essentiels comme le nickel, le cuivre et le lithium.
Les dirigeants des Premières Nations affirment que des dizaines de revendications territoriales sont déposées chaque jour sur leurs territoires traditionnels sans qu’ils en soient informés avant que ces revendications ne soient enregistrées. M. Kempton a qualifié le processus de consultation du gouvernement de « simple chasse au papier » consistant à envoyer des lettres types aux Premières Nations.
« C’est un régime épouvantable, insultant et discriminatoire », a déclaré Kempton, qui ne fait rien pour protéger les droits et les intérêts des Premières Nations.
Il y a 2 000 claims actifs en Ontario dans le Système d’administration des terres minières.
En termes d’impact sur le terrain, les chefs ont déclaré que ces revendications sur leurs terres traditionnelles empêchent l’expansion de leurs réserves, empêchent la création de parcs, entravent leur mode de vie et les empêchent d’être « les intendants de nos terres comme nos lois nous disent que nous devons le faire ».
Kempton a déclaré que la volonté du gouvernement Ford d’extraire des minéraux essentiels pour alimenter l’économie de fabrication de véhicules électriques a ouvert un niveau d’activité de jalonnement qui est « excessivement ridicule ».
En Ontario, l’exploration minière est réglementée par la Loi sur les mines. En vertu de cette loi et grâce à la prise de claims numériques, les prospecteurs et les sociétés d’exploration peuvent enregistrer des claims miniers sur des terres publiques non réclamées et procéder à des travaux d’exploration.
La chef de la nation Apitipi Anicinapek, June Black, a qualifié la loi de mesure législative « raciste » qui « détruit » automatiquement les droits fonciers et les droits de propriété des autochtones sur 95 % de la province.
« C’est un véritable jeu d’enfant », a déclaré Black. « Aucune restriction, les demandes sont automatiques.
« Le système de consultation est si faible qu’il est inexistant. »
La Loi sur les mines a été modifiée au fil des ans à la suite de contestations et d’incidents désagréables impliquant la Première Nation Kitchennuhmaykoosib Inninuwug (KI), la petite société minière Platinex dans le nord-ouest de l’Ontario et la Première Nation Wahgoshig (maintenant Apitipi Anicinapek) contre l’explorateur Solid Gold Mining.
En contestant le système, Jacob Ostaman, directeur des terres et de l’environnement de KI, a rappelé à tous que leurs dirigeants avaient été emprisonnés en 2008 pour s’être opposés à ce qu’ils considéraient comme une « incursion illégale » sur le territoire traditionnel qui allait à l’encontre de leur droit de détenir le pouvoir de décision ultime sur leurs terres.
« Il est de notre devoir sacré de protéger la terre que nos ancêtres nous ont confiée. »
Un précédent dans ce domaine a été établi en septembre dernier lorsque la Cour suprême de la Colombie-Britannique a statué que l’octroi automatique de droits miniers sans consultation des communautés des Premières Nations était inconstitutionnel.
La Première Nation de Grassy Narrows a déjà pris une longueur d’avance le mois dernier en publiant un avis de demande auprès de la Cour supérieure de justice, faisant valoir que le manque de consultation adéquate du gouvernement viole ses droits issus de traités protégés par la Constitution.
Lorsque Kempton a été interrogé par Entreprises du Nord de l’Ontario S’il y a une possibilité que leur défi soit joint à celui de Grassy Narrows, elle a répondu par e-mail : « Il est possible que nous collaborions ou que les cas soient traités l’un après l’autre, mais il est trop tôt pour le savoir. »
En ce qui concerne le calendrier des actions en justice, Kempton espère voir une décision rendue d’ici un an à 18 mois.
Elle a déclaré que le dépôt d’un avis de requête, pour faire valoir l’application de la loi et non les faits, est plus rapide et plus rentable qu’un procès formel, qui peut durer de sept à dix ans avant qu’une décision ne soit rendue.