Les groupes d’affaires canadiens veulent qu’Ottawa invoque l’arbitrage exécutoire ou ordonne la reprise du travail aux chemins de fer
Selon des groupes d’affaires et industriels, rien de bon ne sortirait d’une fermeture totale des deux principaux transporteurs ferroviaires du Canada.
Les cris et les lamentations des acteurs industriels et des associations d’entreprises s’intensifient au sujet du lock-out des travailleurs par le CN et le CPKC, la date limite de négociation du 22 août étant désormais passée avec la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada.
L’arrêt simultané du service des deux chemins de fer de classe 1 du Canada est une nouvelle « catastrophique » pour l’Association minière du Canada (AMC) qui va au-delà de l’incapacité de ses sociétés membres à expédier des produits minéraux à leurs clients, mais elle porte atteinte à la réputation du Canada en tant que fournisseur mondial de minéraux et de métaux essentiels.
« En tant que plus important groupe de clients industriels des chemins de fer canadiens, le secteur minier a pu constater de ses propres yeux à quel point les arrêts de travail imprévisibles nuisent à la réputation du Canada en tant que partenaire commercial fiable », a déclaré le président de l’AMC, Pierre Gratton, dans un communiqué.
« Le besoin urgent de minéraux et de métaux canadiens représente une opportunité générationnelle, et nous sommes engagés dans une course contre la montre avec nos concurrents pour répondre à la demande mondiale. L’arrêt simultané, pour la première fois, du service ferroviaire de la Canadian Pacific Kansas City Railway Company (CPKC) et de la Canadian National Railway Company (CN) ne pouvait pas survenir à un pire moment. »
L’association souligne que les minéraux bruts et transformés représentent plus de la moitié du volume total de marchandises transportées par rail au Canada. L’industrie minière est un « client important » du réseau ferroviaire canadien. Les arrêts de travail ne font qu’augmenter les coûts opérationnels et « réduisent la confiance dans le Canada en tant que destination d’investissement » dans la chaîne d’approvisionnement, a ajouté M. Gratton.
Moins d’un jour après le début de la fermeture, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), qui compte 97 000 membres, demande à Ottawa d’intervenir.
« Nous demandons au gouvernement fédéral d’intervenir immédiatement en instaurant un arbitrage exécutoire ou en adoptant une loi de retour au travail », a déclaré Dan Kelly, président de la FCEI, dans un communiqué. « À plus long terme, le Canada doit trouver une meilleure façon de régler les conflits de travail chez les acteurs essentiels de la chaîne d’approvisionnement. »
M. Kelly a déclaré que son bureau recevait déjà des nouvelles d’entreprises préoccupées par les retards dans les livraisons de carburant d’aviation pour lutter contre les incendies de forêt, de matériaux pour la fabrication, de pièces détachées pour véhicules, de produits de détail et d’équipements agricoles. La capacité de transport par camion est mise à rude épreuve et les expéditions de marchandises sont « bloquées dans le système ».
Cela se traduit, selon lui, par une diminution des produits disponibles sur les étagères des consommateurs, notamment des produits de première nécessité dans les épiceries et les pharmacies, comme les préparations pour nourrissons. Certains propriétaires d’entreprises disent à la FCEI qu’ils pourraient devoir cesser leurs activités, car ils ne peuvent pas respecter leurs obligations contractuelles envers leurs clients.
Daniel Tisch, président-directeur général de la Chambre de commerce de l’Ontario, fait écho aux réflexions de Kelly.
« La dépendance de l’Ontario et du Canada à l’égard de nos réseaux ferroviaires ne peut être sous-estimée. Le rail étant le principal moyen de transport de marchandises d’une valeur de 380 milliards de dollars chaque année, cet arrêt mettra en péril les chaînes d’approvisionnement essentielles en aliments, en automobiles et en matériaux de construction, ce qui coûtera à l’économie des millions de dollars par jour.
« Une action prolongée entraînerait également de graves dommages à un moment où nos partenaires commerciaux internationaux considèrent l’Ontario et le Canada comme une source de minéraux essentiels, de ressources énergétiques et plus encore », a déclaré M. Tisch.
Il fait référence à l’article 107 du Code canadien du travail, qui donne au ministre fédéral du Travail l’outil pour soumettre le conflit au Conseil canadien des relations industrielles et interdire une grève, un lock-out ou mettre fin à un arrêt de travail en attendant une résolution. Le gouvernement fédéral peut également convoquer à nouveau le Parlement pour présenter une loi de retour au travail.
« Nous demandons au gouvernement du Canada d’intervenir immédiatement, en explorant toutes les options à sa disposition pour limiter l’impact de cette perturbation », a déclaré M. Tisch.