Organismes montréalais travaillant sur l’élimination du carbone

Le gouvernement canadien souhaite atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, et de nombreux Montréalais prennent cette initiative au sérieux. Les experts estiment qu’il ne suffira pas d’atteindre le zéro émission nette. Il faut réparer les …

Organismes montréalais travaillant sur l'élimination du carbone

Le gouvernement canadien souhaite atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, et de nombreux Montréalais prennent cette initiative au sérieux.

Les experts estiment qu’il ne suffira pas d’atteindre le zéro émission nette. Il faut réparer les dégâts déjà causés.

Une entreprise montréalaise, Deep Sky, travaille sur l’extraction du carbone de l’atmosphère et son stockage sous terre.

Selon le site Deep Sky, les humains ont rejeté 819 milliards de tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère au cours des 150 dernières années. Le site ajoute qu’une fois que le dioxyde de carbone a été émis, il faut 10 à 50 ans avant qu’il n’ait un impact sur l’environnement, ce qui signifie que les conséquences environnementales actuelles liées au changement climatique sont dues aux émissions d’il y a des générations.

« L’élimination du carbone n’est pas la solution à tous les problèmes climatiques de la planète. Cependant, je suis sûr à 100 % que l’élimination du carbone doit faire partie de toute solution, car arrêter ce que nous faisons n’est pas suffisant. Nous avons dépassé ce stade », a déclaré le PDG Damien Steel.

L’industrie de l’élimination du carbone en est encore à ses balbutiements et elle se heurte actuellement à des obstacles majeurs. Autre inconvénient : toute technologie d’élimination du carbone doit utiliser des énergies renouvelables pour atteindre un objectif.

Le coût de l’électricité est également un facteur important. C’est l’une des principales raisons pour lesquelles Deep Sky souhaite construire une installation de stockage de carbone dans la région de Bécancour, au Québec, qui est également connue pour son abondance d’énergie renouvelable et son espace souterrain pour la séquestration. La région bénéficie déjà d’investissements importants du gouvernement du Québec pour la production de batteries pour véhicules électriques.

« Le prix de l’électricité et des énergies renouvelables varie énormément d’un pays à l’autre », a déclaré M. Steel. « L’un des avantages dont nous bénéficions au Canada est que nous avons trois provinces qui sont essentiellement des réseaux hydroélectriques (la Colombie-Britannique, le Manitoba et le Québec), et ces réseaux hydroélectriques produisent aujourd’hui de l’énergie renouvelable à des tarifs parmi les moins chers de la planète. »

Steel est catégorique : le problème n’est pas de comprendre la technologie, mais plutôt de garantir l’efficacité énergétique des unités de captage d’air pour les rendre rentables.

Il espère qu’à terme, pour éliminer une tonne de carbone de l’atmosphère, il ne faudra plus que 1 000 kilowattheures d’énergie.

« Les meilleures unités du marché actuel ont probablement une capacité de 2 000 à 3 000 kilowattheures par tonne », a déclaré Steel.

En 2023, un kilowattheure coûte 7,6 cents au Québec. Si l’on élimine un million de tonnes de carbone par année à raison de 2 000 kilowattheures par tonne, la facture d’électricité s’élève à 152 millions de dollars. Le coût est réduit de moitié, à 76 millions de dollars, si l’on élimine une tonne en utilisant seulement 1 000 kilowattheures.

Efficacité dans la capture du carbone

Normand Mousseau est directeur scientifique de l’Institut Trottier de l’énergie de Polytechnique Montréal et professeur de physique à l’Université de Montréal.

Il ne s’inquiète pas tant de l’efficacité énergétique des unités de captage de l’air que de leur efficacité en termes de quantité de carbone qu’elles peuvent éliminer à la source. Il précise qu’à l’heure actuelle, les machines de captage du carbone n’utilisent pas exclusivement de l’énergie renouvelable.

« La plupart des centrales qui captent le dioxyde de carbone n’ont pas été conçues pour être très efficaces en termes de captage », a-t-il expliqué. « Il s’agit essentiellement d’installations où l’on souhaite réinjecter du dioxyde de carbone dans le sous-sol pour extraire davantage de pétrole et de gaz… Ces installations n’ont jamais été conçues pour dire : « Je veux capturer tout le carbone pour l’éliminer afin qu’il ne s’échappe pas. »

Ces plantes émettent plus de dioxyde de carbone qu’elles n’en éliminent, ce qui signifie qu’il faut consacrer davantage de travail – et d’argent – ​​à l’élimination de l’excès de dioxyde de carbone.

Selon lui, en théorie, les unités de capture du carbone devraient pouvoir éliminer au moins 95 % du carbone à la source.

Cependant, éliminer le carbone est très coûteux car, selon Mousseau, le dioxyde de carbone n’est présent dans l’air qu’à raison de 400 parties par million, soit l’équivalent de 0,04 %, ce qui devient plus compliqué.

« L’idée est qu’aujourd’hui, l’efficacité dont nous disposons est très théorique », a-t-il déclaré, soulignant que les installations de test doivent démarrer le plus tôt possible pour résoudre les problèmes éventuels. « Une fois que l’on arrive à la réalité, c’est beaucoup plus compliqué. Et la seule façon d’apprendre cela, c’est de le faire. »

Comme Steel, Mousseau est convaincu que l’élimination du carbone n’est pas la seule solution et qu’il faut également réduire les émissions de carbone. Il appelle toutefois tous les paliers de gouvernement à prendre au sérieux l’élimination du carbone en raison des coûts excessifs et du temps qu’elle implique.

« Nous ne vivons plus dans une époque où il faut dire : « Essayons ceci et si ça ne marche pas, faisons cela. » Investissons. Nous aurons de toute façon besoin d’une partie de cette capture directe dans l’air », a-t-il déclaré.