Le caucus libéral doit se réunir à Nanaimo, en Colombie-Britannique, la semaine prochaine pour une retraite avant la session parlementaire d’automne. Le premier ministre Justin Trudeau insiste sur le fait qu’il mènera son parti aux prochaines élections malgré les sondages qui font état de son impopularité auprès des Canadiens. Voici un aperçu de ce qui se passerait s’il décidait de mettre un terme à ses activités.
Le premier ministre Justin Trudeau pourrait-il démissionner ?
Absolument. Mais la décision de démissionner devient beaucoup plus difficile à prendre maintenant que les néo-démocrates se sont retirés de l’accord d’approvisionnement et de confiance avec les libéraux, qui a contribué à maintenir le gouvernement minoritaire au pouvoir.
Si Trudeau devait démissionner, les néo-démocrates pourraient voter avec les conservateurs sur une motion de confiance et déclencher des élections anticipées. Le Parti libéral pourrait alors se retrouver sans chef et les partis se disputeraient les suffrages.
Que se passerait-il s’il démissionnait ?
Un chef intérimaire serait nommé et une course à la direction serait déclenchée. Le président national aurait 27 jours pour convoquer une réunion avec le conseil d’administration du parti. Un comité de vote pour la direction serait également formé pour planifier, organiser et mener à bien le vote.
Combien de temps faudra-t-il pour nommer un nouveau leader ?
Ce n’est pas un processus rapide, en général. Trudeau a gagné après cinq mois de campagne, mais la planification était en cours depuis des années.
En comparaison, il a fallu deux ans aux conservateurs pour élire un nouveau chef après la démission de Stephen Harper suite aux élections de 2015.
Le premier ministre Justin Trudeau prend la parole lors d’un rassemblement pour le candidat à l’élection partielle Ian MacIntyre à Winnipeg, au Manitoba, le 28 août 2024. LA PRESSE CANADIENNE/John Woods
La course qui a porté Pierre Poilievre à la tête des conservateurs en 2022 a duré huit mois.
La constitution du Parti libéral décrit le processus à suivre par tout candidat potentiel. Le candidat a au moins 90 jours avant le scrutin pour élire son chef pour annoncer son intention de se présenter. Il doit recueillir au moins 300 signatures de libéraux inscrits, dont 100 doivent provenir de libéraux de trois provinces différentes.
Trudeau pourrait-il démissionner mais terminer son mandat ?
Oui. Mais encore une fois, cela serait compliqué étant donné le gouvernement libéral minoritaire et la menace d’élections anticipées. Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a reconnu cette semaine que des élections pourraient avoir lieu plus tôt que prévu, actuellement prévu pour octobre 2025.
Un Premier ministre a-t-il déjà démissionné auparavant ?
Oui. En 2002, le premier ministre Jean Chrétien, confronté à la contestation de l’ancien ministre des Finances et rival de longue date Paul Martin, a annoncé qu’il ne dirigerait pas les libéraux aux prochaines élections.
En 1993, le premier ministre Brian Mulroney a démissionné de son poste de chef du Parti progressiste-conservateur. Kim Campbell, ministre de la Défense dans le cabinet de Mulroney, a remporté la course pour lui succéder.
La popularité de Trudeau a également diminué, alors pourquoi est-ce différent ?
Chrétien et Mulroney formaient des gouvernements majoritaires, ce qui a permis aux courses à la direction de se dérouler sans menace de chute de leur administration.
Bien que des grognements de mécontentement aient été perpétrés à l’encontre de Trudeau au sein de son parti, ce dernier continue de bénéficier du soutien du cabinet et du caucus, à l’exception du député libéral Wayne Long, qui a demandé sa démission.
De plus, aucun successeur n’est clairement désigné pour Trudeau. Parmi les prétendants potentiels à son poste figurent la vice-première ministre Chrystia Freeland, le ministre de l’Industrie François-Philippe Champagne et l’ancien gouverneur de la Banque du Canada Mark Carney.
Comment les démocrates américains ont-ils pu remplacer leur candidat à la présidence ?
Le Canada et les États-Unis ont des systèmes de gouvernement différents, et les démocrates et les libéraux ont leurs propres règles de parti.
Même si le président américain Joe Biden était le candidat démocrate à la présidence, il n’était pas encore leur candidat officiel. Cela a permis aux démocrates de changer de candidat avant leur convention à Chicago le mois dernier.
C’est toujours aux délégués démocrates lors de leur convention de voter formellement pour un candidat officiel à la présidence.
Et comme il n’y avait pas de contestation majeure au sein du parti, cela a permis une transition en douceur pour remplacer le nom de Biden sur le ticket par celui de la vice-présidente américaine Kamala Harris.
Les libéraux peuvent-ils évincer Trudeau ?
C’est peu probable. La constitution du Parti libéral stipule que le chef du parti ne peut être démis de ses fonctions qu’en raison d’un événement déclencheur tel qu’une défaite électorale, une incapacité ou un décès.