Un rapport sur les langues officielles remet en question le plafond d’inscription dans les cégeps anglophones du Québec

Le commissaire aux langues officielles du Canada exprime son inquiétude face à la décision du Québec de plafonner le nombre d’étudiants pouvant s’inscrire dans les collèges de langue anglaise de la province. Raymond Théberge a …

Un rapport sur les langues officielles remet en question le plafond d'inscription dans les cégeps anglophones du Québec

Le commissaire aux langues officielles du Canada exprime son inquiétude face à la décision du Québec de plafonner le nombre d’étudiants pouvant s’inscrire dans les collèges de langue anglaise de la province.

Raymond Théberge a déclaré dans un rapport publié mercredi qu’il était également préoccupé par la décision de la province d’augmenter les frais de scolarité des étudiants hors province au niveau universitaire.

« Les établissements postsecondaires anglophones du Québec ont de sérieuses inquiétudes — et je partage ces inquiétudes — quant à l’impact de ces mesures sur leurs inscriptions étudiantes et sur leur viabilité financière », a-t-il écrit, ajoutant que deux universités contestent ces mesures devant les tribunaux.

Le plafond des inscriptions au collège, ou cégep, faisait partie de la réforme linguistique du Québec de 2022, qui impose également des cours de français supplémentaires pour les étudiants.

Théberge écrit que les écoles postsecondaires anglophones du Québec jouent un rôle précieux en exposant les étudiants à un environnement français, même s’ils étudient en anglais.

«Les universités, cégeps et collèges anglophones du Québec font partie de la solution, pas du problème», a-t-il écrit.

« Ces établissements peuvent jouer un rôle de premier plan dans les efforts sociétaux visant à protéger et à promouvoir la langue française. Compte tenu de leur rayonnement national et international, ils peuvent constituer une ressource précieuse pour les étudiants qui recherchent une expérience d’éducation postsecondaire en anglais tout en étant immergés dans la langue et la culture françaises. »

La loi linguistique stipule que la proportion d’étudiants inscrits dans les cégeps anglophones ne doit pas dépasser 17,5 pour cent de la population étudiante globale de la province.

Théberge a déclaré que la perception selon laquelle les anglophones du Québec ne valorisent pas le français comme langue commune de la province est un mythe, soulignant que 71 pour cent des anglophones du Québec sont bilingues et que la plupart parlent français dans leur vie quotidienne.

Lors d’une conférence de presse mercredi, Théberge a exhorté le gouvernement du Québec à réfléchir à la manière dont ses politiques affectent la communauté anglophone.

«Je pense que le Québec doit prendre des mesures pour garder le français vivant sur son territoire, et ainsi assurer aussi la survie du français partout au pays», a-t-il déclaré à Winnipeg. «Mais elle doit toujours tenir compte de l’impact de (ses) décisions sur la vitalité de sa communauté minoritaire.»

Ailleurs dans le rapport, le commissaire s’est dit « très préoccupé » par une directive controversée qui soulevait des inquiétudes selon lesquelles la province restreignait l’accès aux soins de santé en anglais, et s’est dit encouragé par une nouvelle version publiée le mois dernier qui réaffirmait clairement le droit de Soins anglais.

«Fournir des soins de santé à tous les Canadiens dans la langue officielle de leur choix est une question de sécurité et de respect fondamentaux, et tous les gouvernements devraient s’efforcer de faire exactement cela», a-t-il écrit.

Le rapport s’intéresse également aux difficultés rencontrées par les francophones hors Québec pour obtenir des services dans leur langue, y compris dans les garderies. Il a écrit que des pénuries de personnel existent dans l’industrie des garderies, mais qu’elles sont particulièrement aiguës lorsqu’il s’agit de personnel francophone.

«La pénurie généralisée d’éducateurs a déjà fait les manchettes partout au pays, mais les communautés francophones en situation minoritaire doivent également composer avec le fait qu’elles disposent de bassins plus restreints dans lesquels recruter du personnel», écrit-il.

Selon lui, la pénurie de places en garderie francophone « oblige de nombreux parents à inscrire leurs enfants dans des garderies anglophones à proximité, rendant ainsi les générations futures vulnérables à l’assimilation ».

Théberge a déclaré qu’il accorderait une attention particulière à la façon dont les clauses linguistiques incluses dans les ententes fédérales-provinciales sur les garderies à 10 $ par jour sont mises en œuvre, et il a encouragé le gouvernement fédéral à s’assurer que des processus sont en place pour évaluer et surveiller leurs résultats.